Ferme Denis Benoît de Saint-Aimé
Privilégier les bonnes pratiques dans
l’industrie porcine
Hélène Goulet
Plusieurs se souviennent du tollé qu’avait provoqué l’industrie
porcine il y a quelques années, notamment à Sainte-Victoire.
Plusieurs résidants étaient montés aux barricades pour dénoncer
l’implantation d’une ferme abritant plus d’un millier de porcs.
Après un moratoire imposé en 2002 par le gouvernement du Québec
concernant l’implantation de nouvelles porcheries (moratoire qui a
été levé partiellement en décembre 2004), le débat sur la question
s’est fait plus rare.
« Il y a eu de l’exagération dans ce dossiers, ce fut un débat très
émotif », estime Denis Benoît, qui exploite à Saint-Aimé une ferme
de 500 truies pour la reproduction.
Selon M. Benoît, si certains opposants étaient réfractaires à toute
implantation, quelle qu’elle soit, certains producteurs québécois
ont aussi exagéré en n’utilisant pas de saines pratiques
environnementales.
Quant à lui, il opère son exploitation à temps plein depuis 1989 et
croit pouvoir assurer qu’il la dirige de façon respectueuse envers
tout le monde.
À titre d’exemple, l’épandage du lisier liquide, qui s’effectue deux
fois par année sur des terres avoisinantes, ne se fait jamais la fin
de semaine, pour ne pas incommoder l’entourage.
« Nous tentons de faire ça rapidement et nous mettons tout de suite
de la terre par-dessus le lisier pour limiter les odeurs », a-t-il
expliqué lors d’une entrevue avec la représentante du Monde
agricole.
« De toutes façons, nous n’avons pas avantage à laisser le lisier à
l’air libre, car de cette façon, il perdrait de sa valeur »,
précise-t-il.
Ainsi, il utilise également un produit pour diminuer les odeurs dans
sa fosse à purin. Cela dit, laisse-t-il tomber, on ne peut pas les
éliminer complètement. Quand on vit à la campagne, il faut
s’attendre parfois à sentir des odeurs.
Les constructions sont exécutées selon des normes strictes édictées
par le ministère de l’Environnement du Québec. Les producteurs
d’aujourd’hui utilisent également des techniques améliorées.
En 2004, M. Benoît a reçu la population à l’occasion de l’événement
Portes ouvertes sur les fermes organisé par l’UPA. « Il est venu 600
personnes, je n’en revenait pas. 90 % étaient des gens de la ville.
Ce fut une des plus belles journées que j’ai vécues ! » se
rappelle-t-il.
Ce genre d’événement, croit-il, permet aux gens de poser des
questions et de mieux connaître la réalité des producteurs. Cela
établit un meilleur contact entre les gens de la ville et les
agriculteurs.
M. Benoît, par ailleurs, n’est pas le propriétaire de ses truies.
« Je suis à contrat avec M. Ménard de l’Ange-Gardien, un des plus
gros intégrateurs du Québec, qui possède 30 000 truies. » Selon lui,
la grande majorité des producteurs de porcs sont comme lui, mais il
reste tout de même des producteurs indépendants.
L’intégrateur fournit des bêtes prêtes à reproduire, et M. Benoît
est rémunéré selon le nombre de porcelets qu’il produit
annuellement.
En général, une truie met bas en moyenne de 25 à 26 porcelets chaque
année. Les truies sont inséminées artificiellement, quoique que M.
Benoît possède deux verrats qui ont pour tâche de provoquer les
chaleurs chez les truies.
La période de gestation est de 114 jours. Quand les porcelets sont
nés, s’ensuit une période de 21 jours avant qu’ils soient sevrés.
Après, la truie se repose cinq jours avant d’être à nouveau
inséminée.
En général, environ 24 truies mettent bas toutes les semaines, ce
qui permet une rotation. Elles vivent dans des cages individuelles
et, préciser M. Benoît, le taux de fécondité, après saillie, est de
86 %.
La truie donnera en général de sept à huit portées avant d’être
envoyée à l’abattoir.
Cela dit, le porc est un animal relativement fragile, susceptible
d’attraper diverses maladies, plus particulièrement au niveau
respiratoire. Certaines fièvres font avorter les truies. « Lorsque
nous entrons dans l’étable, il faut être habillé de façon aseptisée
et pour éviter la propagation de maladies », fait remarquer M.
Benoît.
Si la bête malade est âgée, elle est envoyée à l’abattoir. Pour les
plus jeunes, M. Benoît utilise un médicament qu’il verse dans l’eau
pour faire tomber la fièvre. Il y a alors une période de quarantaine
à respecter car M. Benoît se conforme à la norme de qualité « ACEP »,
reconnue internationalement. Cette norme demande entre autre la
tenue d’un registre, incluant la liste des médicaments qui ont été
donnés aux bêtes, et assure également la traçabilité de chaque
animal.
Aide fédérale pour l’industrie porcine
Par ailleurs, rappelons que le ministre fédéral de l'Agriculture,
Gerry Ritz, a annoncé récemment la création d’un programme de
transition de 75 millions de dollars pour aider les producteurs qui
désirent réorienter ou restructurer leurs activités. Du même
souffle, M. Ritz a également annoncé des garanties de prêts pour
offrir aux entreprises du crédit à court terme, pour ceux qui
désirent poursuivre leurs activités. Selon le ministre, certaines
activités liées à l'élevage de porcs ne sont pas viables.
Il s’agit d’une initiative qui a reçu un accueil plus ou moins
mitigé, car les producteurs souhaitent surtout que le prix du porc
puisse entrer en ligne de compte avec les coûts de production.
Certains producteurs sont obligés de vendre leur porc en-deça des
coûts de production.
Aujourd’hui, les producteurs sont surtout touchés par l'augmentation
du prix de la nourriture des bêtes, la force du dollar canadien et
la propagation grippe A (H1N1), qui a été préjudiciable pour la
consommation de la viande porcine. |