Daniel Brouillard, un pionnier local du
géo-référencement topographique
Drainage optimal, diminution de l’érosion
et meilleur rendement de la terre !
Hélène Goulet
Avant de devenir président du Club agro-environnemental Lavallières
en 1999, Daniel Brouillard, de la ferme GAD Brouillard de
Saint-Aimé, utilisait les services d’un agronome à titre privé.
Ce dernier lui a alors fait voir les avantages de la culture en
rotation et, en 1998, il lui a suggéré d’améliorer le rendement de
sa terre grâce à l’achat d’un panier au laser.
« Ce fut une découverte ! » se rappelle M. Brouillard, rencontré par
Le Monde agricole, alors qu’il était en compagnie de son fils
Frédéric, qui a décidé de suivre les traces de son père en devenant
partenaire de la ferme.
« Le panier au laser permet de niveler les trous sur la terre, et,
surtout, nous pouvons déterminer la pente de surface, ce qui nous
permet de mieux diriger l’eau », précise-t-il.
Il s’agit d’un équipement beaucoup plus précis que l’œil humain,
admet M. Brouillard. L’égouttement permet de diminuer l’utilisation
d’engrais et, même si l’achat de cet équipement constitue un
investissement appréciable, la manœuvre s’avère rapidement rentable.
« Ça vaut vraiment la peine », assure Daniel Brouillard.
Les débuts de cette pratique ont toutefois été fastidieux à
l’époque. « Il fallait arpenter le champ d’un bout à l’autre et
marquer des endroits tous les 10 centimètres », se rappelle M.
Brouillard.
Mais aujourd’hui, la technologie a bien évolué et tout se fait par
ordinateur. « Nous n’avons pas besoin de nous promener dans le
champ, le champ est sur papier ! Nous pouvons ainsi, chaque année,
répartir l’eau de surface ou l’évacuer. Le drainage est optimal et
rapide, et ça nous permet de contrer l’érosion », précise le
producteur agricole.
« Avec l’ordinateur, on peut émettre différentes hypothèses, c’est
un bon indice et un point de référence », ajoute-t-il. « À la
longue, ça améliore notre moyenne de rendement, car grâce au
logiciel, nous pouvons faire une carte de rendement chaque année.
Les différentes couleurs nous indiquent où le rendement est meilleur
et où il est moins bon. »
Cette démarche a aussi permis à M. Brouillard de faire du semis
direct, sans que la terre ait été labourée au préalable : une autre
économie de temps et d’argent.
L’évolution de l’agriculture a aussi amené Daniel Brouillard à
favoriser la rotation des cultures.
« Actuellement, nous produisons 60 % de maïs et 40 % de céréales, ce
qui donne environ 20 %
d’orge et 20 % de blé. Il faut vous dire qu’avant que j’engage un
agronome, en 1996, il n’y avait pas vraiment de rotation, c’était
maïs - maïs ! » C’est fort de cette nouvelle expérience qu’il a
fondé, avec d’autres producteurs de la région, le club
agro-environnemental Lavallières en 1999. Daniel Brouillard en a été
le président jusqu’en 2007. Aujourd’hui, le club, qui compte 98
membres, est fort utile à tous : « Nous, nous n’avons pas le temps
de faire des tests de fertilisation et différentes analyses. Le club
nous enlève une charge qui profite à tout le monde. »
La ferme GAD Brouillard, nommée ainsi en raison des prénoms des
trois frères Gaston, Alain et Daniel, se spécialise dans les grandes
cultures, maïs, soya, orge de brasserie, blé. La ferme de 390
hectares a été rachetée de leur père en 1981. Par la suite Alain a
vendu ses parts à ses frères. À 24 ans, Frédéric, le fils de Daniel,
souhaite lui aussi investir dans l’entreprise familiale. Bientôt,
l’autre fils de Daniel, Sébastien, qui a étudié à l’Institut de
technologie agricole, joindra la famille dans l’exploitation de la
ferme, même si pour le moment, il a souhaité travailler en usine
pour prendre de l’expérience. « Je n’ai jamais forcé mes fils à
suivre mes traces, mais quand tu as la passion, ça se voit ! »
déclare le père, fier de voir ses fils se joindre à lui.
Frédéric, pour sa part, a suivi une formation en mécanique, ce qui
lui permet de s’occuper de la machinerie, alors que son père œuvre
dans les champs. Son oncle Gaston, lui, est responsable de la
comptabilité.
L’arrivée de la relève à la ferme apporte de nouvelles idées et les
idées, c’est bon, croit enfin Daniel Brouillard.
Faire connaître l’agriculture aux « urbains »
Daniel Brouillard s’est également donné une autre mission, celle de
faire connaître le monde agricole aux intervenants socio-économiques
de la région. Pour ce faire, il est devenu membre du conseil
d’administration de la Société d’aide au développement de la
collectivité (SADC) de Pierre-De Saurel. Il est également
vice-président de la Société d’agriculture de Richelieu depuis deux
ans, après en avoir été directeur pendant 20 ans.
« Il faut faire connaître ce que nous réalisons et faire prendre
conscience de notre réalité aux intervenants locaux. Quand on entend
parler de quelque chose, on comprend mieux les enjeux. Là, ils
savent un peu plus que ça bouge en agriculture », explique M.
Brouillard, qui estime que le conflit entourant l’implantation de
porcheries dans la région, il y a quelques années, n’aurait pas eu
le même impact s’il y avait eu ce type d’échanges auparavant.
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