Ferme Agri-Romate, production de fines herbes de
qualité
Pierre-Olivier Gaucher a fait le plein d’idées novatrices lors
d’un voyage en France
Hélène Goulet
2 avril 2009 - Depuis qu’il est revenu d’un voyage
en France, grâce à l’Office franco-québécois de la jeunesse, Pierre-Olivier Gaucher,
propriétaire de la ferme Agri-Romate de Contrecoeur, a des projets plein la tête.
Dans le cadre de ce voyage, le jeune producteur de
fines herbes – principalement du persil canadien et italien – a profité de l’occasion
pour visiter le Salon des matériels et techniques viticoles, horticoles, arboricoles
et légumiers (SIVAL) qui se tient en janvier de chaque année à Angers.
« C’était un voyage de sept jours axé uniquement sur
l’agriculture », a fait savoir M. Gaucher. En plus de cette visite au SIVAL, il a
également pu visiter d’autres fermes, ainsi que le marché de La Rochelle, considéré
comme étant le plus gros marché de fruits et légumes en France.
Ce qu’il a constaté, c’est que les producteurs
agricoles français sont très en avance : « Les producteurs français sont très
innovateurs, que ce soit pour les pratiques culturales, la machinerie ou l’emballage.
C’est vraiment un autre monde. Ils sont 10-15 ans en avance sur nous ! » s’exclame-t-il,
enthousiaste. « Ici, dans les fines herbes, on récolte encore à quatre pattes, alors que
là-bas, tout est mécanisé, et ce, sans enlever la qualité du produit », a-t-il réalisé.
Le fait est que Pierre-Olivier Gaucher a également
été très bien reçu par les producteurs français : « Ils ont été très généreux et très
ouverts. Ça leur faisait plaisir de me donner de l’information. Ils ont une grande
mentalité entrepreneuriale », souligne-t-il. « De plus, ils me montraient des choses
aussi parce qu’en tant que Québécois, je ne représentais pas une menace pour eux. »
« Je suis revenu avec des tas d’idées… peut-être un
peu trop ! Mais le plus dur, c’est qu’on se remet aussi en question. Je sais qu’il y a
des choses qui ne pourront pas exister ici avant sept ou huit ans », admet M. Gaucher.
Pierre-Olivier Gaucher, après avoir suivi ses études
à l’Institut de technologie agricole de Saint-Hyacinthe en gestion d’exploitations
agricoles, a parti en 2001 une entreprise agricole de culture maraîchère avec un
collègue, une aventure qui a duré quatre ans.
Après cette expérience, il a décidé de partir seul à
son propre compte dans la production de fines herbes. « Je suis assez nouveau mais j’ai
pu avoir beaucoup de conseils du commissaire agricole Alain Beaudin, lui aussi
producteur de fines herbes. »
Récemment, M. Gaucher a également décidé de produire
des fraises. « Il s’agit d’une nouvelle variété, non conventionnelle, c’est tout à fait
spécial. J’en suis encore aux essais. »
Pierre-Olivier Gaucher se situe dans la mouvance
actuelle, à savoir qu’il n’utilise pas de produits chimiques. « De toutes façons, ils
sont inefficaces pour les fines herbes », laisse-t-il entendre.
Du fumier, du compost, des engrais verts remplacent
donc les produits chimiques. Cela permet à M. Gaucher d’obtenir des fines herbes de
qualité supérieure, avec une plus belle apparence, et qui durent plus longtemps.
Il cultive ainsi cinq acres de persil. Une plante
qui demande beaucoup de soins et d’observations. « C’est très différent des autres
cultures et c’est plus difficile que la fraise, » a-t-il constaté. « Ce n’est pas pour
tout le monde », conclut le jeune agriculteur.
Dans un monde idéal, la production de fines herbes
bénéficierait d’une seule pluie par semaine ! « De l’eau, mais pas trop ! » L’année
dernière a été difficile, car au printemps, un gros vent, qui a provoqué un soulèvement
de sable, a tout détruit les nouvelles plantations. « Il a fallu tout recommencer »,
résume M. Gaucher, dont l’objectif est d’intensifier la production à quatre récoltes à
l’hectare annuellement.
Le produit haut de gamme qu’il veut offrir fait en
sorte qu’il doit consacrer beaucoup de temps au développement de marché. Actuellement,
il vend sa production au Marché central de Montréal ainsi que dans des marchés de
détail. « Je dirais que 80 % du temps est consacré au développement de marché et 20 % à
la vente. Je vise maintenant à attaquer le marché extérieur de Montréal. »
Le problème est qu’à l’heure actuelle, la clientèle
ne cherche pas autant la qualité que dans d’autres endroits, comme à Boston ou en
Europe, cite-t-il en exemple. « Pour les gros producteurs maraîchers, qui vendent
d’autres légumes, la vente de fines herbes d’une qualité moindre est complémentaire et
non principale comme c’est le cas pour moi. »
« Les Québécois utilisent peu le persil », fait-il
également remarquer. « Ce sont les ethnies qui en consomment le plus, ils représentent
80 % du marché. »
Mais Pierre-Olivier Gaucher voit l’avenir
positivement. « Il faut qu’on se diversifie », admet-il, en ajoutant que les producteurs
de fines herbes d’ici – ils sont quelques-uns – devraient s’unifier, afin d’offrir « un
produit » et une « marque de commerce ». « Il faut avancer dans le même sens et pouvoir
offrir toute la gamme de fines herbes. Là, nous aurons une réelle force de frappe »,
conclut-il.
Les jeunes agriculteurs et l’OFQJ
Pierre-Olivier Gaucher ne tarit pas d’éloge quand il
parle de l’Office franco-québécois de la jeunesse, qui offre aux jeunes Québécois et
Français âgés entre 18 et 35 ans l’opportunité d’effectuer des voyages de part et
d’autre de l’Atlantique.
« Ce genre de voyage est bon pour la relève
agricole. Imaginez, l’OFQJ paye 80 % des dépenses reliées à un voyage ! Il s’agit de
proposer un projet relié à notre champ d’activité. Moi, j’ai obtenu 1 200 $ ainsi que
mon billet d’avion, c’est drôlement intéressant et c’est sûr que je vais retourner en
France ! Franchement, j’aurais aimé connaître l’OFQJ plus tôt. J’invite tous les
jeunes agriculteurs à profiter de cette belle opportunité ».
Pour plus d’information, consultez le site
internet
www.ofqj.org.