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Un élevage de lapins pas comme les autres!
La Ferme Besner Pagé toujours à l’affût de la nouvelle
technologie
Hélène Goulet
Quand Julien Pagé a racheté à son père la ferme familiale en 2004, il avait un plan dans
la tête.
Un plan qui est aujourd’hui en voie de réalisation, car il veut redéfinir le mode de
production du lapin au Québec!
La ferme Besner Pagé, située à Yamaska, deviendra sous peu un centre de production de
semence pour l’insémination artificielle et de vente de femelles reproductives.
L’éleveur de lapins, qui compte actuellement quelque 300 têtes, a expliqué au Monde
agricole les nombreux atouts à réorganiser ses façons de faire, tant pour lui-même que
pour sa clientèle. « J’ai décidé de me diversifier en me perfectionnant en génétique. »
« L’insémination artificielle est avantageuse pour tout le monde », précise-t-il. « On
n’a pas besoin de mâle ! » lance-t-il en riant. « L’insémination permet surtout de
regrouper les saillies en une seule opération. Par exemple, pour un troupeau de 400
femelles, la saillie par insémination dure environ trois heures. Les mises bas sont
ainsi regroupées sur une à deux journées. Lorsque ces lapins auront atteint le poids
désiré, ils quitteront l’élevage en même temps. Le but n’est pas de produire plus de
lapins mais de mieux organiser notre temps. »
M. Pagé appelle également cette opération « la régie tout plein/tout vide ». Cette régie
améliore de beaucoup le coté sanitaire; la section au complet est nettoyée et
désinfectée avant de recommencer un nouveau cycle. « Avec un sanitaire mieux contrôlé,
on limite l’utilisation de
médicament et on permet aux animaux d’exploiter le maximum de leur potentiel génétique.
»
La production s’effectue sur douze semaines : quatre semaines de gestation, un sevrage
lorsque les lapereaux atteignent trente cinq jours et six à huit autres semaines
d’engraissement. Les lapins sont nourris avec un aliment préparé composé principalement
de luzerne et ne reçoivent pas d’antibiotique.
« C’est tout à fait nouveau comme pratique au Québec. En Europe, par contre, cette
technique est la norme depuis plus de 15 ans! », admet le jeune producteur, actuellement
en démarche pour recevoir une subvention au développement de la part du Centre local de
développement de Pierre-De Saurel.
Pourtant, les avantages de cette nouvelle façon de faire sont nombreux, répète-t-il.
Pour la clientèle des restaurants, le produit est plus homogène et le calibrage, plus
précis. « Ça répond vraiment à un besoin autant pour la clientèle que pour le producteur
», croit M. Pagé.
Dans ce contexte, la création de la Chambre de développement agricole du Bas-Richelieu
se veut un atout pour l’utilisation de nouvelles techniques de production. « Je crois
que la Chambre a une réelle volonté de nous aider. Alain Beaudin (le commissaire
agricole) travaille très fort pour nous appuyer », déclare M. Pagé.
Et même s’il a beaucoup de travail, ça ne l’empêche pas d’avoir été élu président de la
Fédération des producteurs de lapins du Québec. Une fédération modeste mais très bien
outillée, puisque son plan conjoint ainsi que l’agence de vente permettent à la centaine
de producteurs un rapport de force plus équitable avec les acheteurs. Plusieurs défis
stimulent ce nouveau président comme la promotion de cette viande peu connue et pourtant
si bonne pour la santé.
Production d’asperges
Par ailleurs, Julien Pagé cultive également des asperges. Sa production est de 10 000 à
15 000 livres par année.
« La récolte s’effectue chaque jour à partir du début du mois de mai jusqu’au 15 juin,
c’est très intense », précise-t-il.
Pour écouler sa marchandise, M. Pagé a ouvert un kiosque à la ferme qui lui permet un
contact direct avec les consommateurs.
L’année passée, il a essayé d’offrir des produits de découpe de lapins préparés par un
traiteur (terrine, rillettes, cuisses confites dans du gras de canard) et il se dit
heureux de constater que la clientèle a répondu positivement.
Mais, avoue-t-il du même souffle, ça fait beaucoup de travail pour un seul homme ! «
Parfois, j’aimerais bien me cloner !!! » admet-il.
Ce jeune homme a encore la tête remplie de projets, confiait-il au Monde agricole. Et
quelque chose nous dit que nous n’avons pas fini d’en entendre parler dans la région.... |
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