La Chambre de développement agricole en 2010
Garder le cap du développement agricole
dans Pierre-De Saurel !
Hélène Goulet
« Pour l’année 2010, la Chambre de
développement agricole souhaite consolider les grandes orientations
qu’elle a établies lors de sa création ».
À la demande du magazine Le Monde agricole, le commissaire agricole,
Alain Beaudin a ainsi déterminé les perspectives de la Chambre pour
l’année 2010.
Selon M. Beaudin, plusieurs dossiers en cours, que ce soit le
développement de la filière cunicole (élevage du lapin), celle de la
brebis laitière, le développement de l’agriculture émergente ainsi
que la poursuite du travail de conscientisation entrepris auprès des
jeunes écoliers de la région sont au cœur des dossiers qui seront
assurés d’un suivi.
M. Beaudin caresse également la réalisation d’un nouvel outil pour
les nouveaux agriculteurs, à savoir l’implantation d’un incubateur
agricole.
Desservir les transformateurs
Le dossier relatif au développement de troupeaux de brebis laitières
est dans l’air depuis quelques années. Selon M. Beaudin, l’objectif
de ce projet est de pouvoir desservir les nombreux
transformateurs de lait de brebis qui veulent produire différents
fromages. « Nous voudrions être capables de
répondre à la demande de lait de brebis », a fait savoir M.
Beaudin, ajoutant que d’autres produits pourraient éventuellement
être développés à partir de la laine de brebis ou de la viande.
Le projet initial était d’importer des brebis d’Europe. Cependant,
le gouvernement canadien hésite encore à autoriser l’importation de
brebis d’autres pays, ayant pour crainte les problèmes relatifs aux
maladies qui ont déjà été très néfastes pour cette industrie il y a
quelques années. De dire M. Beaudin, les discussions se poursuivent
à ce sujet, et on envisage différents scénarios de rechange. Le
Monde agricole traitera spécifiquement de ce dossier dans quelques
semaines.
Sensibilisation auprès des élèves
La sensibilisation des élèves des écoles de la région est aussi un
dossier cher à M. Beaudin. « Nous voulons
continuer notre travail dans les écoles ou par des activités
spéciales, afin de mettre les jeunes en contact avec le milieu
agricole », spécifie-t-il. Diverses activités, dont les
ateliers « Je suis capable » (les
jeunes apprennent à
cuisiner et à connaître les produits locaux cultivés dans la
région), et L’école à la ferme (visites commentées de l’Exposition
agricole), sont déjà fort populaires auprès des jeunes, qui
réalisent ainsi que des carottes, ça ne naît pas dans les
supermarchés. « Nous voulons encore être plus
près des jeunes et répondre à leurs nombreuses questions. Les
enfants sont toujours très intéressés par ce que nous leur apprenons
».
« Cette année, nous voulons publier un cahier
d’activités pour les enfants », poursuit M. Beaudin. Des
pourparlers sont en cours avec la Commission scolaire à ce sujet. Il
espère éventuellement développer d’autres projets tels des serres
dans des écoles pour parler de la biodiversité et du phénomène de
photosynthèse, tout en assurant un suivi au printemps par la
transplantation des boutures en pleine terre et, pourquoi pas,
offrir par la suite des fleurs au personnes âgées !
Maillage nécessaire avec le milieu des affaires
Selon Alain Beaudin, le maillage avec le milieu des affaires est
également nécessaire pour l’avenir du milieu agricole.
« On ne peut pas faire cavalier seul »,
soutient-il. À cet égard, il dit vouloir amener les producteurs à
sortir de leur milieu, à participer à
différents organismes et salons spéciaux, pas tous exclusivement
agricoles, par ailleurs. Il cite en exemple le SIAL Montréal (Marché
de l’Alimentation Nord-Américain, un événement annuel), dont
l’objectif est de faire connaître les nouvelles tendances et les
nouveaux marchés en matière alimentaire. «
Nous devons aussi savoir qui sont nos compétiteurs; à l’heure
actuelle, ce sont les Chinois », fait remarquer M. Beaudin.
Un nouvel outil régional : l’incubateur agricole
Un des projets les plus chers d’Alain Beaudin est certes
l’implantation d’un incubateur agricole, qui fonctionnerait
sensiblement de la même façon qu’un incubateur industriel. Cet
incubateur – ou condo agricole – permettrait notamment aux
producteurs de tester différents modèles de développement agricole.
« Nous avons déjà récupéré les matériaux de
quatre entrepôts qui ont été démantelés dans le cadre du projet du
site multifonctionnel de la Société d’agriculture », fait
savoir M. Beaudin. « Nous sommes actuellement à la
recherche d’un terrain dans la MRC de Pierre-De Saurel afin d’y
implanter l’incubateur, qui sera construit à partir des matériaux
récupérés ».
Cela amène le commissaire agricole à parler du développement durable
en agriculture, autre thème important du développement de la
Chambre. « Nous sommes en train de nous positionner à ce sujet.
L’incubateur permettra entre autres de développer cet aspect des
choses, selon les trois axes du développement durable, à savoir
l’axe économique (une activité viable, créant de l’emploi et
apportant des retombées économiques), l’axe environnemental
(l’entreprise agricole doit être capable de quantifier sa prise sur
les ressources et pouvoir ainsi redonner en plantant des arbres par
exemple) et, enfin, l’axe social. Il nous faut poser certains gestes
de solidarité et redonner à la communauté », soutient M. Beaudin,
donnant en exemple des collaborations potentielles avec les
coopératives de solidarité, les cuisines collectives, etc. « Nous
avons un devoir social et il faut conscientiser les gens à cela »,
assure-t-il. Ce dernier estime également que de faire connaître
l’agriculture à la population en général constitue aussi une
responsabilité sociale.
L’implantation d’un incubateur agricole, avec des projets menés sur
une période de trois ans, aura un impact intéressant selon ces trois
axes de développement, croit M. Beaudin.
Le site multifonctionnel, une vitrine
Par ailleurs, Alain Beaudin estime également que la construction du
site multifonctionnel et des nouveaux bureaux de la Société
d’agriculture de Richelieu constituera une belle visibilité pour le
milieu. « À cet égard, la Société
d’agriculture devient un joueur de première importance, sur le
territoire,
pour le développement de l’industrie agricole régionale. Nos
nouveaux bureaux permettront de faire connaître davantage notre
développement », laisse entendre M. Beaudin.
Rappelons que la Chambre de développement agricole de Pierre-De
Saurel, rattachée à la Société d’agriculture, est unique au Québec.
En plus de la réalisation de différents projets, le commissaire
agricole précise que plusieurs formations sont données aux
producteurs, que ce soit sur l’importance du réseautage,
l’importance de la gouvernance stratégique, ou celle de la mise en
marché et du marketing.
Enfin, M. Beaudin est fier d’avoir fait « un
beau lien » avec le Cégep de Sorel-Tracy en proposant la
présidence d’honneur du Gala Excellence agricole 2009 à la
directrice
générale du collège Fabienne Desroches. « Il
faut se rendre compte que, oui, la formation de base est importante,
mais la formation collégiale peut aussi s’avérer de plus en plus
indispensable puisque les milieux agricole et scientifique évoluent
très rapidement. D’où l’importance pour les producteurs d’actualiser
leurs connaissances et leurs pratiques, de se perfectionner et de
s’ouvrir sur le monde afin de regarder ce que les autres font de
bien. L’agriculture, conclut-il, joue un rôle prépondérant dans la
vie et pour la pérennité du globe. Si l’agriculture est faite de
façon intelligente, on peut régler beaucoup de problèmes! »
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