L’élite montante de la transformation laitière
brésilienne… en visite chez nous!
(Par Yves Allard)
Le Brésil compte près de 200 millions d’habitants alors qu’au
Canada, nous sommes à peine plus de 34 millions. Pourtant, des gens
influents et des entrepreneurs de là-bas s’intéressent à ce qui se
passe chez nous ; au point de venir nous rendre visite afin d’en
apprendre davantage sur le développement de notre expertise en
agriculture.
Oui, nous avons chez nous des gens qui se distinguent, des gens qui
innovent et font en sorte que certains sont prêts à parcourir
16000km afin d’échanger avec eux sur les défis d’aujourd’hui et de
demain… L’un d’entre eux, M. Jean-Pierre Salvas agr.
M. Salvas est l’un des trois propriétaires de la Fromagerie
Polyethnique située à St-Robert. Il est associé dans l’entreprise
avec un autre producteur agricole, soit la Ferme Latraverse, ainsi
qu’avec le Groupe Phoenicia.
La fromagerie Polyethnique recevait mercredi une délégation d’une
trentaine de personnes en provenance du Brésil. Parmi ceux-ci, des
gens du Ministère de l’Agriculture (tel le directeur des affaires
internationales ainsi que la spécialiste en politiques publiques et
en gestion gouvernementale), des chefs d’entreprises, des
consultants, des conseillers à l’exportation… Bref, des intervenants
possédant des rôles clés lorsqu’il s’agit de faire bouger les choses
dans ce domaine.
Chose frappante, la très grande majorité d’entre eux est âgée d’une
trentaine d’années seulement. Les membres du groupe qui sont un peu
plus âgés sont, par exemple, le père ou le grand-père de l’un ou
l’autre des plus jeunes… Ce groupe représente donc, en quelque
sorte, l’élite brésilienne montante de la transformation laitière.
Au Brésil, lorsqu’on parle de 300 à 400 employés, on parle d’une
petite entreprise agricole. Une moyenne entreprise en compte de 1000
à 1500, et une grande, aux environs de 7000 à 9000… Dans les trois
cas, ça représente environ 10 fois les chiffres d’ici.
Mais tout comme notre région, le Brésil a présentement de grands
défis à relever. Lors de cette rencontre, tous étaient d’accord sur
le fait que le succès de notre avenir passe par les jeunes et
l’innovation. La mondialisation est une préoccupation pour tous et
nos amis étaient fort réceptifs à l’idée de miser davantage sur des
produits qui se distinguent, plutôt que de tenter de rivaliser avec
des produits de masse.
Avec le chaud climat du Brésil, la transformation du lait en fromage
rend cette matière première plus facilement transportable et en
augmente la durée de vie, offrant ainsi la possibilité d’élargir le
marché d’une entreprise laitière…
Saviez-vous que c’est au Brésil que l’on compte la plus grande
agglomération de libanais au monde? Hé oui, il y a plus de libanais
au Brésil qu’au Liban… Assez surprenant, non? Comme la fromagerie
Polyethnique se spécialise dans la confection de fromages destinés
au marché libanais, il n’est donc pas surprenant que nos nouveaux
amis soient venus évaluer quelle serait l’expertise transférable de
cette fromagerie, chez eux. Ceux-ci semblent s’intéresser également
à la façon dont ces entrepreneurs hors pair de chez nous s’y sont
pris pour percer le marché libanais; chose peu évidente selon
plusieurs.
Et pour nous? « Le Brésil est en quelque sorte en phase deux et nous
avons beaucoup à apprendre d’une telle opportunité de réseautage…
Ils sont passés de l’étape du « non, non, ça ne marche pas, on ne
peut pas faire ça… » à l’étape où l’on prend les choses en main et
où l’on se rend compte de tout ce que peut accomplir un gars du
peuple qui croit en ses moyens… » de mentionner notre commissaire
agricole, M. Alain Beaudin. En tout cas, les invitations
personnelles à se rendre au Brésil lancées par chacun des visiteurs
à M. Salvas et M. Beaudin ne font aucun doute sur leurs intérêts à
créer et à solidifier de nouveaux liens permettant aux deux côtés de
bénéficier de l’expertise de l’autre.
Afin d’expliquer les rouages de l’entreprise, M. Jean-Pierre Salvas
agr. s’est ouvert à ses visiteurs comme peu ose le faire. Celui pour
qui les embûches se transforment en défis, a fait part au groupe de
son expérience personnelle, incluant les hauts et les bas vécus tout
au long du parcours qui l’ont mené où il est aujourd’hui. Chose
certaine, cette attitude a touché certaines cordes sensibles et a
grandement aidé à faire naître le climat de confiance que l’on
pouvait ressentir par la suite entre les deux parties (comme quoi on
ne doit pas toujours craindre de s’ouvrir et partager nos
connaissances). De plus, une telle approche permet bien souvent un
échange plus ouvert, stimulant et enrichissant, susceptible d’aider
tous et chacun dans sa quête d’innover selon ses propres besoins.
Nos visiteurs furent également impressionnés par la machinerie
utilisée par la Fromagerie Polyethnique, puisque celle-ci fut
modifiée sur mesure, afin de pouvoir mettre en application des idées
innovatrices et répondre à des besoins particuliers. Là-bas, ça ne
semble pas être une façon de faire très répandue… Ça doit être notre
côté « patenteux » qui nous permet de penser de la sorte et
d’adapter la machinerie à nos besoins, au lieu de se contenter
d’utiliser ce qui se fait déjà et d’adapter nos besoin à ce que la
machinerie nous permet de faire!
M. Beaudin, qui a également participé à la préparation en vue de
cette « grande visite », se dit très confiant face à l’apport de
cette rencontre avec les habitants de ce coin du globe; « Nous avons
ici des gens qui font partie de l’élite qui servira de modèle,
capable de démontrer que l’innovation et le changement, ce n’est pas
si compliqué… suffit d’avoir la volonté et de croire en ses propres
moyens… »
Il a d’ailleurs insisté sur l’importance d’établir, dès maintenant,
un partenariat entre le Brésil et la Fromagerie Polyethnique, lors
de cette visite qui devait durer 2 heures, mais qui s’est prolongée
de trois heures supplémentaires… Ce qui en dit long à mon avis sur
l’intérêt des deux parties.
Notre commissaire agricole me confiait également que ce fut sa
journée la plus « hot » de la semaine. D’accord, je veux bien le
croire… Mais quand je constate le nombre de dossiers auxquels ce
dernier participe, je suis tenté de lui répondre que la semaine
n’est pas terminée!
Voici néanmoins une belle opportunité de faire valoir l’expertise du
Bas Richelieu en agriculture, ouvrir une cellule de réseautage, et
établir un partenariat durable favorisant l’avancement de
l’agriculture chez nous.
Aux yeux de M. Jean-Pierre Salvas, « lors de cette rencontre
spéciale, on a semé une graine… poussera-t-il un arbre gigantesque
ou un tout petit arbre avec une floraison exceptionnelle? Ça reste à
voir… » Une chose est sûre, certaines priorités de ce dernier furent
remises en question, suite à cette visite (ce qui n’est pas peu
dire…).
P.S. C’est à Sao Paulo que l’on retrouve également la plus grande
agglomération d’italien au monde... Oui, on compte au Brésil plus de
libanais qu’au Liban et plus d’italiens qu’en Italie... Allez donc
comprendre! Et si l’on tentait maintenant de développer chez nous un
produit spécialisé pour ces Italiens? ;o)
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