mardi 05 avril 2011
Quand la passion rime avec moisson
(Par Marie-Claude Héroux)
Afin
de conclure mes textes sur les femmes, j’avais envie de vous parler
de la passion. Non pas de la passion charnelle, mais de la passion
en général et inévitablement de la passion de la terre. Et non pas
d’un regard philosophique, mais plutôt émotionnel. Le Petit Larousse
décrit la passion comme étant «[une] émotion puissante et continue
de l’être vers ce qu’il désire (…)» et je crois que Nancy Sauvageau
est la femme qui représente le mieux cette définition. Nancy est
mariée à la terre. Native du Cap-de-la-Madeleine, elle est arrivée à
St-Robert à l’âge de 6 ans. À 17 ans, elle est venue casser des
concombres pour la famille Caplette. S’en était fait. Un an plus
tard, elle mariait Paul. Ils eurent 3 enfants et vécurent heureux…
Un an après leur mariage, leur première fille voyait le jour.
S’ensuivit deux autres bambins. Ils ont tous une quinzaine de mois
de différence. Ce qui signifie, inévitablement, quelques ajustements
pour la madelinoise. Mais rapidement l’adaptation s’est changée en
amour pour la terre. Une évolution qui n’a cessé de croître avec les
années. La terre est réellement devenue une passion, une passion
bien à elle. D’ailleurs elle en remercie son cher mari qui lui a
transmis cette ardeur. «Paul m’a toujours expliqué ce qu’il faisait
et moi, je m’en suis toujours intéressée. Quand il part aux champs,
je sais qu’il est hyper heureux. Il a besoin de ça.» Dès qu’elle
rentre du travaille, elle va le rejoindre. Parfois pour partager un
lunch, parfois pour voir si tout va bien, parfois juste pour le
voir. C’est un moment qu’elle privilégie. Pour elle, c’est le moment
d’évacuation, de libération.
Nancy
travaille dans le milieu scolaire. «Si Paul avait été tout seul pour
exploiter sa terre, c’est certain que je lui aurais donné un coup de
main» de dire Nancy. «Mais il est avec son frère et sa mère, et
c’est correct comme ça. Moi je travaille avec les enfants et j’y
mets autant de passion que Paul en met dans son travail. S’il y une
chose que j’ai apprise de lui, c’est que l’on doit faire ce que l’on
aime et on doit le faire avec passion. Et quand je rentre à la
maison, je vais aux champs retrouver mon Paul. En plus, je le trouve
beau, même quand il est poilu et pouilleux…» C’est beau à entendre.
Après 25 ans de vie commune, il est magnifique de constater leur
passion commune. C’est un beau modèle pour les personnes qui
démarrent en agriculture. C’est un métier où l’on travaille fort et
la passion on doit l’avoir. On doit s’épauler et on doit s’aimer
très fort.
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