vendredi 11 février 2011
Le Canada prisonnier de ses politiques agricoles?
Par Yves Allard
Selon certains experts canadiens de l’agroalimentaire, l’agriculture
aurait besoin d’un sérieux coup de barre qui lui permettrait
d’effectuer un virage nécessaire et ce, sans plus attendre. C’est du
moins ce qu’ils recommandent au Canada afin que celui-ci demeure
compétitif sur l’échiquier mondial et s’assure d’être en mesure de
nourrir adéquatement sa population au cours des années à venir.
C’est l'Institut canadien des politiques agroalimentaires qui nous
signale que le Canada n'est désormais plus une puissance en matière
agroalimentaire. Non seulement notre beau pays est passé du 3e au 7e
rang mondial des exportateurs d'aliments en dix ans, mais en plus,
ses importations ont augmenté de 2 % depuis 2009 seulement.
Dans un rapport qu’il vient de rendre publique, l'Institut soutient
que « le Canada est devenu prisonnier de politiques alimentaires qui
sont maintenant désuètes et qu'il a été incapable de s'ajuster aux
phénomènes mondiaux tels les changements climatiques ou
l'augmentation de la population. »
Bien que le Canada puisse compter sur une main d’œuvre qualifiée et
bénéficie d’un climat et d’une situation géographique favorable,
l'Institut déplore le problème de non-rentabilité chronique que
vivent bon nombre d'agriculteurs et agricultrices canadiens.
Toujours selon eux, l’industrie agroalimentaire devrait mettre les
efforts nécessaires afin d’en venir à produire de plus en plus
d'aliments sains et à augmenter les investissements en sciences et
en technologies, en chute libre depuis 1970.
L’un des souhaits des spécialistes responsables de l’étude serait
que, d'ici 2025, le Canada puisse doubler ses exportations
agroalimentaires (à 75 milliards de dollars) et produire lui-même
les trois quarts de la nourriture consommée par sa population.
L'organisme favorise également le développement de systèmes
agroalimentaires qui incluent tous les acteurs : producteurs,
transformateurs, fournisseurs, chercheurs, distributeurs et
détaillants. Il sollicite aussi les gouvernements de tous les
paliers pour qu'ils agissent à titre de décideurs politiques, de
législateurs, de bailleurs de fonds et de coordonnateurs.
Je
fus surpris du nombre de réactions suite à la publication sur le net
d’un texte mentionnant cette nouvelle… Certains écrivent qu’il
serait important de tenir compte du fait que l'Institut canadien des
politiques agroalimentaires n'est pas un organisme gouvernemental,
ni un centre de recherche rattaché à une université. D’autres
aimeraient connaître les noms des experts responsables de ce rapport
afin d’en déterminer les balises.
Voici donc quelques extraits de commentaires d’internautes…
« La plus grande richesse pour un peuple est que son territoire
puisse nourrir sa population, on avait presque réussi avec M. Garon.
Vite un gouvernement qui s'occupe de sa population avec de vraies
valeurs car depuis 2003 on est dans la dèche… »
« Les politiques sont désuètes. La relève fait défaut et, le plus
inquiétant, nos terres passent graduellement mais sûrement entre les
mains d'investisseurs chinois. Bientôt nos terres serviront à
nourrir la Chine et personne ne semble mesurer l'ampleur du
phénomène. Combien de terres ont été vendues ainsi? Quelqu'un
devrait sortir les chiffres que le gouvernement possède sûrement. Le
recensement obligatoire en agriculture existe toujours. On devrait
pouvoir connaître ces chiffres par Statistique Canada… »
« L'industrie agro-alimentaire est devenue complètement débile. Les
pays riches subventionnent à coup de milliards leur agriculture
simplement pour être plus compétitif que les pays pauvres et ainsi
leur couper l'herbe sous le pied… Quand c'est rendu que les fruits
européens coutent moins cher sur les marchés africains que ce qui
est produit localement et que le riz américain arrive à concurrencer
le riz asiatique sur leur propre territoire, il y a de sérieuses
questions à se poser sur la légitimité de toutes ces subventions qui
sortent de nos poches à nous, les contribuables… »
« Vous croyez que l'agriculture industrielle vous amène de la
nourriture à bas prix sur vos tablettes? Calculez combien elle vous
coûte en subventions, en soins de santé liés à la piètre qualité des
aliments et à la pollution, les coûts pour restaurer l'environnement
et la qualité de l'eau, combien elle coûte en destruction
irréversible de terres arables, en désertification, en
déforestation, en perte de biodiversité, en pollution génétique… »
« Maintenant, vous pensez que c'est plus cher encourager les petits
producteurs locaux qui font des efforts pour protéger
l'environnement? C'est vrai, à la caisse, c'est un peu plus cher,
car eux assument les coûts de la protection de l'environnement et ne
reçoivent pas de subventions du gouvernement. Mais si vous évitez de
passer par les grandes chaines qui se prennent des marges
incroyables, vous allez voir que ce n'est pas si cher… »
Et vous, qu’en pensez-vous?
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