Le suicide : La mauvaise solution permanente à un problème temporaire… (Dernière de 2  parties)

(Par Yves Allard) 

4 février 2011 - Chaque fois que j’écris, je me demande toujours sous quel angle je devrais amener l’information si je veux que les gens s’y intéressent. Les chiffres, les statistiques… Certains peuvent surprendre, nous faire prendre conscience de l’ampleur d’un problème, mais comment faire pour que les gens à qui l’aide est destinée sentent qu’ils ne sont pas les seuls à passer par là, et que ce qu’ils vivent peut être « géré »? J’avais donc amassé des tonnes d’informations pertinentes, mais je trouvais qu’il me manquait un élément important…

Puis, hier soir, je me suis retrouvé assis devant la télé à écouter pour une rare fois « tout le monde en parle »… Et comme on le dit souvent : il n’y a pas de hasard!

Une entrevue avec Lise Dion sur un tout autre sujet l’emmena à nous faire part qu’elle-même avait fait une tentative de suicide alors qu’elle était encore une enfant… Oui, celle qui nous fait tant rire et semble posséder aujourd’hui une belle joie de vivre s’est déjà « ramassée » à l’hôpital suite à une tentative de suicide…

Puis, au cours de cette même émission, dans le cadre de la semaine de la prévention du suicide, des parents dont la fille de 12 ans s’est enlevée la vie en 2008 sont venus nous parler de ce qu’ils ont vécu suite à cet évènement. Fait étonnant, cette petite fille n’avait à toutes fins pratiques donné aucun signe de ce qui allait se produire alors que, dans environ 80% des cas de suicides, les gens lancent directement ou indirectement des avertissements.

Le populaire comédien Claude Legault, également présent sur le plateau, nous fit lui aussi part d’une tentative de suicide qu’il avait faite à l’âge de 15 ans alors qu’il s’était rendu sur le pont Jacques Cartier… Et nous avons également appris que le frère de Guy A. Lepage s’était suicidé alors que sa femme était enceinte…

Une phrase qui a particulièrement retenu mon attention est celle qui fut lancée au comédien Michel Barrette au moment où lui aussi allait commettre l’irréparable… Oui, alors qu’il allait se lancer du haut d’un pont, quelqu’un s’est approché de lui en lui disant d’attendre… qu’il fallait d’abord qu’il voie  la suite du film de sa vie…

Oui, ces artistes ont tous connu un succès enviable APRÈS être passés à un cheveu de se suicider… Comme quoi on ne connait pas l’avenir! Alors avant de commettre l’irréparable, dites-vous que des Lise Dion, Claude Legault, Michel Barrette et bien d’autres, se sont un jour sentis au moins aussi désespérés que vous l’êtes peut-être en ce moment… Et aujourd’hui ils sont la preuve VIVANTE que, pour eux comme pour la plupart d’entre nous, le meilleur reste à venir… On ne le sait juste pas!

Parlant de gens connus, Mme Sylvestre fit un parallèle intéressant entre les suicides de Gaétan Girouard et d’André « Dédé » Fortin : dans le cas de M. Girouard, les médias laissaient sous-entendre que ce dernier avait tout pour lui, qu’il avait une « belle vie », mais qu’il s’est quand même enlevé la vie… Alors que dans le cas de Dédé Fortin, ils ont fait valoir que c’est la détresse que vivait le musicien qui l’avait porté à poser ce geste. La première approche est, à son avis, trompeuse, puisque certains individus pourraient se dire que même quelqu’un qui a « tout pour lui » peut se suicider, alors qu’eux ne possèdent pas autant. Si vous avez un jour des idées noires, n’allez donc surtout pas croire que vous auriez encore plus de raisons de vous enlever la vie qu’un Gaétan Girouard par exemple…

Ce n’est pas une question de « raisons » valables, mais bel et bien un état d’esprit. Il est important de comprendre que derrière les apparences, se cache une détresse qui n’a rien à voir avec le succès, le matériel, ou le rang social. Bien que les raisons qui mènent à poser un tel geste diffèrent d’un cas à l’autre, le sentiment ressenti, lui, demeure une constante.

Selon les études, 70 à 95% des personnes suicidées avaient des  problèmes de santé mentale  et de ce pourcentage, 65% avaient des symptômes de dépression, diagnostiqués ou non.   Il faudrait faire attention de ne pas sous-estimer la portée des gestes d’une personne en détresse. Par exemple, ce n’est pas parce qu’une personne a déjà fait une ou plusieurs tentatives de suicides, qu’elle ne mènera pas à terme une telle idée une prochaine fois (Ce qui fut d’ailleurs le cas de l’ex-conjointe de mon ami).

Alors cessons de nous dire que c’est simplement pour attirer l’attention, reconnaissons un appel à l’aide et la détresse qu’elle exprime.  Et lorsqu’on parle de manipulation, nous exprimons souvent plus notre sentiment d’impuissance qu’un tel geste nous fait vivre.

Alors qu’ils pensent à commettre le geste fatal, sachez que ceux qui veulent en finir avec la vie ne veulent pas vraiment mourir… Ils veulent plutôt mettre fin à leur souffrance et ne voient pas d’autres moyens d’y arriver. Ils ont simplement atteint leur seuil de tolérance et  envisagent ce qui semble pour eux être une « option » qui ne devrait pourtant jamais en être une…

Dans la vie, nous avons tous besoin des autres… Et dans des moments de détresse, il y a des gens qui sont là pour nous. Les ressources sont disponibles, accessibles, et peuvent apporter de réelles solutions à des problèmes qui peuvent sembler insurmontables quand on les vit de l’intérieur…

N’oublions pas que des problèmes, tout le monde en a… Et des solutions à nos problèmes, d’autres personnes sont en mesure de nous accompagner afin d’en trouver lorsque nous n’arrivons plus à en voir.

Soyons attentifs et ensemble, faisons une différence…  

Sur ces mots, je vous invite à vous rendre sur le site de l’AQPS afin de signer vous aussi la déclaration de solidarité en cliquant simplement sur le lien suivant :

http://www.aqps.info/ajouter-voix/

Autre lien utile - site du Centre de Prévention du Suicide Pierre-de Saurel :

http://www.cpspierredesaurel.com/prevention-du-suicide/