mardi 17 mai 2011

Nourrir ses vaches autrement
(Par Marie-Claude Héroux)

Nourrir des vaches laitières autrement, c’est ce que deux bretons de Côtes-d’Armor ont décidé de risquer. Partout dans le monde, le modèle agricole intensif, tel qu’on le connaît, ne laisse pas beaucoup de place pour le pâturage. Pourtant c’est le choix qu’ont fait Fabrice et Christelle, un couple en production laitière. Ils ont mis en application une approche innovante viable économiquement. «C'est la crise du lait qui nous a fait réfléchir sur nos pratiques. On se demandait s'il était possible de faire du lait autrement», confie Fabrice Charles à Dominique Morvan reporter pour Le Télégramme.com. Après un diagnostic de leur exploitation et une formation pour maîtriser cette culture mêlant trèfle blanc et ray-grass anglais, ils se lancent dans l’aventure.

Leurs 52 hectares ont rapidement changé de visage. En deux ans, la surface d’herbe est passée de 20 à 31 hectares. De surcroît celle du maïs a diminué de moitié. Aujourd’hui, la terre accessible aux bêtes est entièrement recouverte d’herbe. «Nos vaches ne mangent que de l'herbe de mi-avril à mi-août, puis elles passent doucement au maïs. Mais elles ont zéro complément d'aliment. Bien sûr, elles produisent moins de lait mais le coût alimentaire a baissé de moitié et la rentabilité est meilleure», expliquent les deux éleveurs.

Le ray-grass anglais est considéré comme une plante de pâturage par excellence. Elle offre un fourrage d’une excellente valeur alimentaire. Son puissant système racinaire et ses très nombreuses talles au ras du sol permettent à la plante de supporter des chargements élevés d’animaux à l’hectare. A moins d’un surpâturage, le ray-grass anglais repart toujours après le passage des animaux. De plus, les variétés à épiaison tardive offrent aux éleveurs de longues périodes d’exploitation qui permettent de gérer au mieux le pâturage.

Leur choix est compliqué à expliquer au milieu agricole. «L'idée dans le métier, c'est: sans volume, pas de revenu. Or, c'est faux. L'important, c'est le coût alimentaire. On produit moins mais notre trésorerie est meilleure». Le choix qu’ont fait les deux producteurs a également eu un impact environnemental. Ils n’ont plus du tout à utiliser d’engrais. «On met une parcelle en pâture quelques années, ensuite on y plante du maïs et grâce au passage de l'herbe, la terre n'a pas besoin d'engrais», explique Fabrice. Voilà qui n'est pas anodin.

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