jeudi 10 mars 2011
L’agroécologie : Nourrir les gens et protéger la
planète
(Par Yves Allard)
L’agroécologie, c’est l’application de méthodes
basées sur le renouvellement des sols en bannissant les engrais
chimiques. Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies
(ONU), cette façon de faire peut permettre d'améliorer les
rendements dans les régions les plus pauvres et est également très
bien adaptée aux changements climatiques.
Olivier
De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à
l'alimentation et auteur du rapport, affirme que : "La science dit
aujourd'hui que les méthodes agroécologiques sont meilleures que
l'utilisation d'engrais chimiques pour accroître la production
agricole dans les régions où sévit la faim…
À ce jour, les projets agroécologiques ont montré
une augmentation moyenne des rendements de 80% dans 57 pays en
développement, avec une augmentation moyenne de 116% pour tous les
projets africains"… Assez convaincant comme chiffres, non?
Ce même rapport, présenté à Genève au Haut-commissariat aux droits
de l'homme, stipule que grâce à une telle méthode, les petits
agriculteurs de certaines régions du monde pourraient aller jusqu’à
doubler leur production sur une période de dix ans.
Toutefois, de façon globale, cette méthode "est encore
insuffisamment appuyée par des politiques publiques ambitieuses et
va donc rarement au-delà du stade expérimental", regrette M. de
Schutter, qui appelle les États à faire plus de place à l'agroécologie
dans leurs stratégies de développement.
D’ici 2050, la planète devrait atteindre 9 milliards d'habitants.
Tout ce qui concerne l’accès à l’alimentation au cours des années
futures devrait donc faire partie des priorités et les différentes
options pour arriver à nourrir tout ce beau monde doivent donc être
considérées comme il se doit.
De plus, les aléas du climat et la hausse importante du prix du
pétrole sont pointés du doigt lorsque l’on constate que les prix
alimentaires au niveau mondial ont atteint un nouveau sommet en
février (selon l'indice des prix de l'organisation de l'ONU pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO), publié début mars).
Si on ne peut éviter de tels facteurs aggravants, il devient encore
plus important de regarder les éléments qu’on peut en quelque sorte
contrôler. On doit donc se doter d’outils et de méthodes qui
permettront non seulement à l’agriculture d’augmenter sa production,
mais également de limiter notre impact sur les écosystèmes et
favoriser une augmentation des revenus des agriculteurs. Selon le
rapport de l’ONU précédemment mentionné, l’agroécologie pourrait
jouer un rôle central afin d’atteindre de tels objectifs.
Testées à de multiples endroits à travers le
monde, « ces pratiques offrent de meilleurs rendements tout en
réduisant la pauvreté en fournissant de l'emploi rural et en
réduisant le coût des traitements ».
En fait, "Les principes de base de l'agroécologie comprennent le
recyclage des nutriments et de l'énergie dans l'exploitation, plutôt
que l'introduction d'apports extérieurs; l'intégration des cultures
et du bétail; la diversification des espèces et des ressources
génétiques dans l'écosystème agricole dans le temps et l'espace".
Exemple
concret, au Malawi, le gouvernement a lancé un programme visant à
inciter les agriculteurs à planter dans leurs champs, des arbres
fixant l'azote pour assurer une croissance soutenue de la production
de maïs. Résultats, selon M. De Schutter, "les rendements ont déjà
augmenté de 1 t/ha à 2 à 3 t/ha avec de telles pratiques".
Selon les experts, l’agroécologie permettrait également une
meilleure adaptation aux différents changements climatiques, les
terres supportant mieux les phénomènes de sécheresse ou
d'inondations grâce à celle-ci. Autre aspect non-négligeable, une
réduction des émissions de gaz à effet de serre puisque la gestion
des sols permet un meilleur stockage du carbone.
Pour
certains pays en développement, malgré une efficacité prouvée, force
est d’admettre que l’agroécologie peut sembler légèrement plus
difficile à implanter. Mais cette pratique gagne avantageusement du
terrain dans les pays développés comme la France, l'Allemagne, et
les États-Unis… Alors, n’êtes-vous pas curieux de voir ce que cette
pratique pourra donner au Canada?
En tout cas, il faudrait songer à l’implanter sans plus attendre
dans le correcteur de Microsoft Word… ce dernier me soulignant sans
arrêt « agroécologie » comme étant une « erreur »… Alors qu’entre
vous et moi, je ne crois pas que ce soit le cas… ;o)
(Source : Anthony Lucas | AFP)
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