jeudi 16 février 2012

Un consortium pour agriculteurs « avertis » voit le jour

(par Yves Allard)

Le 25 janvier dernier, certains des agriculteurs et agricultrices faisant partie de l’élite du milieu dans la région étaient convoqués à une séance d’information qui en intriguait plus d’un. Fils et petit-fils d’agriculteur, Pierre-Olivier Gaucher les attendait dans l’une des salles de la Société d’Agriculture de Richelieu afin de leur faire part des conclusions fort intéressantes auxquelles il en est venu suite à plusieurs démarches et réflexions. Puisqu’il s’agit d’un autre projet auquel a participé la Chambre de Développement Agricole, j’ai eu la chance d’assister à cette présentation qui m’a pour le moins étonné.

Bien sûr, si vous avez tendance à vous conforter dans le « connu » et favoriser le « déjà vu », cette présentation n’était assurément pas pour vous. Mais si vous aussi sentez que vos champs ont atteint une certaine « limite » et que vous devez sans cesse « compenser » afin d’optimiser leur rendement, sachez que des méthodes alternatives aux façons de faire actuelles ont fait leur preuves ailleurs et qu’il serait peut-être temps de commencer à les appliquer chez nous. Vous vous souciez de l’environnement, la pérennité est importante pour vous et vous seriez ouvert à faire les choses autrement? Ceci risque fort de vous intéresser.

Des milliers d’heures de lectures, des voyages en Europe et des rencontres avec des spécialistes de différents secteurs du monde agricole, voilà en partie le trajet qu’a dû parcourir Pierre-Olivier Gaucher pour en arriver à ses conclusions sur le sujet. Mais tout ça n’est pas le fruit du hasard…

Peu de temps après sa sortie de l’ITA en 2000, Pierre-Olivier Gaucher acheta avec un partenaire une entreprise maraîchère à Contrecœur. Pendant 5 années, il mit à profit les notions acquises au fil des ans afin de tirer le meilleur des terres qu’il possédait désormais.

Bien que même les agriculteurs les plus expérimentés n’avaient que de bons mots lorsqu’ils constataient l’allure des cultures, financièrement, l’entreprise affichait constamment des bilans négatifs. Si bien que Pierre-Olivier et son partenaire durent se résoudre à procéder à une « rétrocession » de leur entreprise. Comme il le mentionnait : « cette aventure n’a pas été une belle expérience, mais ça a été une bonne expérience ».

Suite à cette finalité, notre jeune entrepreneur se retrouva à une nouvelle case départ. Il choisit donc d’opter pour la stabilité que lui offrait un emploi à temps plein chez un fournisseur pour qui il travaillait déjà à temps partiel. Il occupa ce poste jusqu’en décembre dernier, moment où il a choisi de se consacrer entièrement à ce nouveau projet.

Au cours des 6 dernières années, malgré un emploi du temps chargé, sa nature épicurienne hautement développée le poussa à poursuivre ses recherches sans relâche afin de trouver réponses à ses nombreuses questions. Il m’a suffi d’une seule rencontre avec Pierre-Olivier Gaucher pour comprendre la nature de ce personnage fasciné par toutes les facettes de l’agriculture et qui devait assurément battre tous les scores à l’école.



Quoi qu’il en soit, Pierre-Olivier Gaucher a fait ses devoirs comme peu de gens arrivent à les faire, et il est aujourd’hui en mesure d’offrir une alternative des plus intéressantes aux agriculteurs et agricultrices désireux de passer à ce que nous pourrions appeler « un autre niveau », à une culture davantage raisonnée, plus « intelligente ». Ces mots peuvent peut-être sembler un peu forts, mais l’ampleur de ce qu’il en retourne y est directement proportionnelle. Ce n’est pas que les méthodes actuelles ne sont pas bonnes, mais force est d’admettre que dans bien des cas, elles nous ont donné tout ce qu’elles pouvaient. Elles fonctionnent et sont encore utiles, mais nous sommes arrivés à un point où nous avons en quelque sorte tiré le maximum de nos terres agricoles avec les façons de faire que nous connaissons le mieux.

Vous avez remarqué la différence de « hauteur » entre la bande riveraine et la partie cultivée de votre terre? Et que dire de la forêt qui n’est bien souvent qu’à quelques pieds de celle-ci mais dont le tablier regorge pourtant de vie?

Alors que nos terres souffrent du travail au sol que nous effectuons sur celles-ci depuis nombre d’années, l’application de méthodes permettant l’implantation et la gestion d’un « agroécosystème » afin de dynamiser les milieux s’avère une option des plus prometteuses. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec une sorte de produit miracle qu’il s’agirait d’appliquer un bon matin pour que vos terres changent du tout au tout. Il s’agit plutôt d’un travail étudié qui passe par l’adaptation chez nous de méthodes qui ailleurs ont déjà fait leurs preuves depuis un bon bout de temps.

Nous parlons principalement ici de SCV (Système de Couverture Végétale), méthode qui propose entre autres l’association de plantes dans une démarche permettant d’emmagasiner du carbone, faire la photosynthèse, et ainsi réinsérer la vie dans le sol. Car comme l’ont constaté les scientifiques de partout à travers le monde, le lien entre l’air, l’eau et le minéral, c’est le vivant et rien d’autre. Et pour « amener le vivant », rien à voir avec les différents produits qu’on pourrait actuellement appliquer, puisqu’on y parvient uniquement en couvrant le sol de matières végétales.

Afin de pouvoir en arriver à une agriculture plus rentable, plus « pérennisable », Pierre-Olivier Gaucher n’a rien laissé au hasard afin de mettre sur pied des solutions tel le consortium (CAE) qu’il propose, celui-ci ayant pour moteur la mesure, l’intelligence et le partage. Un tel regroupement s’avère non seulement une option, mais une avenue plus que prometteuse pour ceux qui osent regarder au-delà de ce que nous connaissons présentement.

Après tout, nous savons tous que ce n’est pas parce que certaines méthodes répandues fonctionnent bien qu’il n’en existe pas de meilleures, pas vrai? ;o)

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