mardi 21 février 2012
Le mentorat d’affaires
(Par Marie-Claude Héroux)
Peut-être avez-vous déjà entendu parler du mentorat? Peut-être que
vous y adhérer? Peut-être en êtes-vous mordu ou même accro?
Il
y a deux ans lors d’un financement, on nous accordait un prêt, mais
nous devions nous trouver un mentor. Ha! La belle affaire. Disons
que j’avais reçues la nouvelle avec quelques préjugés : «ouf,
quelque chose de plus à gérer», «j’espère que ce n’est pas une
patante d’organisme», «est-ce que l’on va se faire dire quoi faire»…
Vous voyez le genre.
Aujourd’hui
ça fait presque deux ans que je suis mentorée par Jean-Pierre Salvas,
de la Fromagerie Polyethnique. Et vous savez quoi… je ne voudrais
rien changer à cela. Je fais partie maintenant de la catégorie
accro. J’ai tellement appris avec lui, j’ai tellement cheminée comme
entrepreneure et je crois qu’il en est en partie la cause. Du moins,
c’est une des meilleures décisions que nous avons prises. Alors les
préjugés que j’avais étaient bel et bien des préjugés, car le
mentorat ça y va tout autrement.
Tout d’abord ton mentor tu le choisis (et nous on l’adore). Tu le
choisis selon tes valeurs, ton tempérament et tes besoins. Tu
l’aimes c’est parfait, tu ne l’aimes pas ça fini là. C’est une
personne d’expérience qui a déjà vu neigé et qui n’est pas
embarrassé de t’en parler. Parce qu’il y a parfois des situations
qui peuvent être délicates, vous imaginez bien. Vous savez il n’y a
pas que les juniors qui font des erreurs, les séniors aussi en ont
fait et c’est probablement pour ça qu’ils sont rendus là où ils
sont. Et les chemins que l’on prend comme entrepreneur-junior ont
souvent été empruntés par nos seniors, parfois même ils sont passés
exactement par là! Vous me suivez?
Un
mentor, c’est une personne impartiale avec qui tu peux jaser de tes
bons coups comme de tes mauvais coups. La discussion entre mentor et
mentoré est aussi agréable que si vous aller prendre un café avec
des amies au petit resto du coin. Ton mentor c’est quelqu’un avec
qui tu peux discuter des décisions passées ou à venir et jamais il
ne va diriger ta pensée, par contre il va te questionner. Il ne peut
pas te dire d’aller voir telle banque parce que le taux d’intérêt
est le meilleur, mais par contre il peut te faire penser de bien
magasiner ton taux, chemin faisant vous allez probablement magasiner
votre taux et qui sait peut-être faire le coup du siècle.
Bref, à force de discussion tu finis par trouver ton propre chemin.
La discussion t’aura permis d’éclaircir ta pensée, d’organiser ton
argumentaire et le tester et probablement t’éviter quelques
écorchures.
C’est aussi quelqu’un qui va te poser des questions pour savoir
c’est quoi la vrai patante. Il ne veut pas avoir la réponse que tu
ferais à ton conseiller qui t’appelle pour avoir des explications
sur tes états financiers, il ne veut pas non plus connaître la
phrase préparée pour ton banquier pour qu’il débourse le prêt ni
celle que tu vas dire à ton parent pour ne pas l’inquiéter. Il veut
savoir ce qui en est vraiment, comment en tant qu’entrepreneur tu te
sens : heureux, démuni, dépassé, dans le jus, perdu, super orienté,
super désorienté, etc.
Et
si vous mettez la main sur un bon mentor, je vous le jure vous ne
pourrez pas lui traficoter la vérité, même pas un tout petit peu,
parce qu’il va vite s’en rendre compte et ils ont souvent des moyens
bien détournés d’arriver à faire parler. Parce qu’après tout ils ont
vu neigé…et ils sont là pour nous aider à évoluer. Le plus génial
c’est que tout est confidentiel…alléluia! Allez-y videz-le votre
sac, c’est le moment. Pour avancer, il faut parfois lâcher prise et
parfois montrer notre vulnérabilité.
Un
des bons exemples que Jean-Pierre utiliser pour expliquer le
mentorat elle celle-ci. C’est pareil à deux voyageurs assis dans un
avion. Ce sont deux personnes assises l’une à côté de l’autre qui
n’ont pas de lien nécessairement direct mis à part qu’ils sont assis
dans l’avion et qu’ils partent en voyage. Les deux voyageurs, assis
côte à côte, entreprennent la discussion pendant quelques heures.
Imaginez si les deux sont entrepreneurs, c’est indéniable que la
discussion risque d’être active, ils vont se poser des questions, se
challenger sur certaines affaires, sur comment l’autre a vécu
telle ou telle affaires, etc et quand ils atterrissent ça se termine
là.» Les deux personnes repartent avec un peu de l’expérience de la
personne d’à côté. Et bien le mentorat ce n’est pas plus compliqué
que ça. Bon j’avoue il y a parfois des liens plus solides qui se
tissent, mais le principe est le même. Le regard du gars dans
l’avion et celui du mentor et du mentoré
Bref, c’est quelqu’un qui va t’amener beaucoup plus loin dans ta
réflexion, il va t’amener à voir différentes facettes de ta
réflexion. On ne peut pas toujours penser à tout et on ne peut pas
toujours avoir raison, hélas!
À
la ferme…
Nous le savons, dans la région il y a plein de belles fermes. D’un
côté il y a des jeunes qui démarrent des entreprises et/ou qui
veulent prendre les guides de la ferme familiale. De l’autre côté,
nous avons des moins jeunes qui veulent bien laisser la place à leur
jeune, mais «ouf» ça ne se fait pas en cliquant des doigts et ce
n’est pas si facile. Le jeune est tellement jeune!
C’est un processus émotif, ardu et probablement stressant pour les
deux parties. Et bien le mentorat sert à ça. Ça ouvre la
possibilité de ventiler, de prendre un recul, d’avoir confiance en
notre vision. Ceci étant dit ça s’applique pour les deux parties.
Échanger avec des gens en dehors de notre cercle d’amis, en dehors
de notre cercle familial, on en sort rarement perdant. Ça permet de
prendre ce recul que nous avons rarement le temps de faire. À
prendre cette pause. À arrêter le temps pour réfléchir un peu. Votre
mentor peut être en agriculture, en informatique, en pâtisserie. Ce
n’est pas le domaine qui est important. La gestion générale, les
ressources humaines, la prise de décision c’est le lot de toutes les
entreprises qu’elles soient agricoles ou non. Tout comme le voisin
assis à côté de nous dans l’avion. L’idée est de trouver quelqu’un
en qui vous avez confiance et avec qui vous vous sentez bien.
Petite parenthèse, vous savez que le mentorat peut également se
faire avec quelqu’un de plus jeune que vous. Je lisais aujourd’hui
dans les nouvelles tendances d’affaires que ce sont parfois les
jeunes qui mentorent leurs aînés. On y parlait surtout d’un point de
vue technologique, mais pourquoi pas… suffit de s’ouvrir un peu,
parce qu’au final il n’y a que notre imagination qui nous bloque. Et
l’expertise se fait à différents niveaux tout dépend de notre
besoin.
Pour terminer, je vous souhaite bonne chance dans la recherche de
votre mentor. Et si vous ne savez pas où le trouver, au CLD il y a
une banque de gens qui y sont sélectionnés. Allez-y il vous attend
peut-être… Après tout, les plus grands gestionnaires en ont,
pourquoi pas vous.
Sur
LinkedIn, il y a même des groupes de mentors disponibles via le net.
À vous de voir la formule qui vous plaît le plus.
Crédits photos : NathB – Photographe
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