mercredi 10 avril 2013

Nouvelle saison : Le décompte est déjà commencé!

Par Paul Caplette

L’hiver est passé comme un coup de vent. En général, ceux qui ne connaissent pas de près le secteur des céréales pensent qu’en hiver on ressemble à des ours qui hibernent grassement en attendant que le printemps arrive.

Erreur! La grosse saison des récoltes terminées, on s’empresse de nettoyer, réparer, remiser les équipements, etc. Déjà en pleine récolte, on commande les précieuses semences pour l’année qui vient.

Pas le temps d’attendre que l’adrénaline de stress fin de récolte soit tombée; on se met au pas de course pour la préparation des états financiers. Même si la dernière année fut exceptionnelle en temps de récolte, on s’empresse d’accomplir différents travaux additionnels, question de prendre de l’avance.
Ceux qui nous entourent aiment bien nous taquiner avec cette expression. Finalement on arrive à Noël en même temps que tout le monde.


Pendant la période des fêtes, on soigne nos bobos et on reprend des forces. Les journées sont courtes, le soleil est moins présent… c’est plus difficile. Souvent on sent que la fatigue accumulée sort. J’ai réalisé qu’avec les années, mon corps suit un peu la nature et la lumière qu’elle nous procure.

Immédiatement, après les fêtes, une série de journées de formation est à l’agenda. Les rendez-vous avec nos agronomes de club, comptable, service conseil, conseiller financier, s’entrecroisent au travers des livraisons aux clients.

Déjà en cette période, on a l’occasion de vendre des récoltes même pas semées encore. On a des équipements en entretien hivernal au garage de la ferme.

Quand je commence à être moins inspiré dans le bureau, rien de mieux que de traverser de l’autre côté, monter le son de la radio et me mettre à bricoler un équipement. Ça change le mal de place.

Je suis chanceux, j’adore l’hiver. Depuis quelques années, on met à l’agenda une sortie de ski par semaine. Je fais de la raquette avec ma conjointe et je m’amuse même à bûcher du petit bois, question de garder mon dos en forme.

C’est une chance de sortir travailler chaque matin sans prendre de véhicule. Sortir tôt, prendre une bonne bouffée d’air frais et frette. Déneiger l’auto de madame et des enfants, ça me fait du bien. Traverser la cour à pied pour aller au bureau et entendre le crissement de la neige sous mes bottes… j’adore ça.

Une fois au bureau, on analyse des cartes de rendement en essayant de diagnostiquer les imperfections ici et là. On planifie, on peaufine nos plans de cultures, nos plans de commercialisation, etc. Et tout d’un coup, on réalise qu’on arrive à la semaine de relâche. Depuis plusieurs années, chez nous, cette semaine est un peu spéciale.

Plus jeune, c’était la période de vacances des enfants, alors, comme s’il fallait une obligation pour ralentir, on a pris l’habitude de lever le pied sur les journées de travail et consacrer temps et amour à la petite famille.

Le fait de juste faire des demi-journées et en prendre quelques-unes sans travail nous permet de relaxer juste avant le rush. Une petite pause comme si on enfonçait l’embrayage pour passer à la prochaine vitesse.

Avec le changement d’heures, ça y est …mon corps change de vitesse. On sent déjà le décompte pour la grande saison de cultures qui s’en vient.
Nos planifications sont faites mais jusqu’à la dernière minute avant de réellement démarrer les semis, on restera actif en faisant les derniers ajustements nécessaires. On a beau avoir prévu l’imprévisible, il faudra ajuster en cours de route en fonction de tous les facteurs variables qui nous entourent. Pour nous, un semis raté aura des répercussions sur la saison à venir en entier.

Le décompte est en marche, les journées rallongent en même temps que nos heures de travail. Chaque jour on voit l’évolution de la fonte des neiges, l’écoulement des eaux, le bon fonctionnement des avaloirs pour finalement commencer à voir grisonner la terre. L’adrénaline monte d’un cran. En auto ou à la maison, notre regard est toujours orienté vers les champs. C’est plus fort que nous, matin, midi, fin d’après midi, on va voir de visou si ça avance… thermomètre et pelle en main. On sonde le terrain, question de mesurer l’avancement. Et plus l’heure du départ approche, plus on est envahi par le désir de « sauter dans les champs ».

Les équipements sont prêts, on a l’impression que la cour est trop petite, ça s’en vient. On s’éveille avant même la sonnerie du réveil matin. Question de se calmer un peu et de sortir un peu de stress, on fait la tournée des champs et des ponceaux en tracteur. Le tracteur porte bien, aucune trace de la poussière. On brasse un peu de terre et l’odeur caractéristique de la terre fraîchement retournée fait son effet. On descend pour voir et palper le sol. On observe les zones d’herbe près des cours d’eau, question de voir l’évolution des pissenlits.

L’adrénaline est à son comble, on ne tient plus en place. Un mélange de haut stress plus l’excitation et le plaisir d’enfant à l’approche d’un évènement important, font de nous des ouvriers de la terre prêts à foncer!

Attention cher amis, dans une quarantaine de jours nous serons plusieurs en campagne, gonflés à bloc, prêts à foncer sur une nouvelle saison végétale.

Imaginez-vous en tour de formation juste avant une course. Le tour de chauffe est terminé, les 5 lumières rouges sont allumées et ce sera le départ.

Ça va brasser!

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