vendredi 25 avril 2014
La diarrhée épidémique porcine au Québec
Par Marie-Claude Héroux
L'an dernier une éclosion majeure de la diarrhée porcine a débuté
aux États-Unis. Un virus d'origine chinois qui se propage à une
vitesse impressionnante et qui est difficile à éliminer puisqu'il
n'y a aucun vaccin qui existe. La souche se modifie tous les jours.
En Chine, les troupeaux semblent plus résistant au virus ce qui
complique la traçabilité de la maladie. Une fois à l'abattoir, les
résidus des porcs sont, en partie, transformés en plasma sanguin
utilisés dans la fabrication de la moulée destinée aux porcs . Cette
dernière sera vendue à différente meunerie internationale dans le
but de nourrir d'autres troupeaux porcins. La problématique est
qu'une seule trace du virus peut contaminer tout un troupeau.
Cette maladie contagieuse attaque le système digestif des porcs et
peut toucher les porcs de tout âge. Le taux de mortalité est plus
élevé chez les porcelets non sevrés. Dans ce cas, la mortalité peut
atteindre un taux de 100 % et causer des répercussions économiques
importantes. La transmission peut se faire lorsque des porcs en
santé entrent en contact avec des porcs qui sont infectés lorsqu'ils
sont en contact avec des véhicules de transport, des surfaces
contaminées, l'alimentation animal, les vêtements portés par les
producteurs, vétérinaires ou tout autre personne en contact avec
l'animal.
La problématique que l'on vit actuellement au Québec est que de
nombreux porcs de l'Ontario arrivent au Québec via des transporteurs
qui sont exposés à un très grand risque de contamination étant donné
que les normes de lavage étaient auparavant inexistantes. La
transmission du virus est donc très facile, si le transporteur est
exposé a des porcs ou à des bâtiments contaminés.
À l'Île-du-Prince-Édouard une ferme a été contaminée et selon les
tests effectués le virus animal provenait d'une meunerie qui
utilisait, sans le savoir, de la farine de porc contaminée.
Au Québec, nous avons eu un seul cas en février dernier, en
Montérégie. «Tous les maillons du milieu se sont mobilisés, la
fédération des éleveurs de porc, EQSP (Équipe Québecois en Santé
Porcine), les vétérinaires, les abattoirs, les meuneries ainsi que
les intégrateurs comme les propriétaires se sont serrés les coudes
pour éviter l'entrée de la maladie» rapportait Pierre Benoît,
président de la Relève Agricole de Sorel et producteurs porcins de
la région. Des mesures de biosécurité strictes sont appliquées par
tout le monde. Les quais de déchargement sont testés tous les jours
et un système est mis en place advenant des résultats positifs. Le
système de biosécurité québécois est avant-gardiste, efficace et
intense et c'est ce qui nous a permis d'éviter la catastrophe
jusqu'à présent. Il est préférable d'investir des milliers de
dollars en prévention que de prendre la chance de contaminer un
troupeau au complet.
Autour des années 2000, nous avons connu la crise du Circovirus,
SRRP et autres qui ont amené bien des producteurs à revoir leur
système de biosécurité. L'expérience a coûté cher et il n'est
désirable pour personne de revivre un tel stress. Mais cet événement
a permis d'instaurer un système de biosécurité très serré qui sert
grandement aujourd'hui puisque c'est grâce à ces mesures de
biosécurités que la situation ne s'aggrave pas au Québec pour le
moment. On pense que si la situation ne dégénère pas elle aura été
quand même bénéfique pour la filière porcine du Québec. |