samedi 26 avril 2014

Bilan du temps des sucres 
Une année moyenne et un sirop au goût excellent

Par Annie Bourque

De l’avis des acériculteurs de la région Pierre-De Saurel, le temps des sucres aura été une année très moyenne réduisant de façon importante leur production.

 «La température n’a pas été propice. Parfois, il faisait trop froid le jour et la nuit, cela ne gelait pas», explique Daniel Frédette, propriétaire d’une érablière familiale à Saint-Ours.

«On a eu environ seulement trois ou quatre bonnes journées en trois semaines», ajoute M. Frédette qui entaille 700 arbres avec ses frères et sœurs.

Une production moindre

Bon an mal an, Jean-Noël Beauchemin de Sainte-Victoire récolte environ 1550 gallons ou 2,5 livres par entaille. Ce printemps, ce nombre sera d’environ 1200 gallons et presque 2 livres par taille.

«Ce n’est pas si catastrophique puisque la semaine Sainte incluant le dimanche des rameaux a été très bonne», dit M. Beauchemin qui prévoyait même fabriquer encore du sirop, le jour de Pâques.

De son côté, François Brouillard, président de la Société d’Agriculture Richelieu et propriétaire avec sa famille d’une érablière artisanale à Saint-Aimé raconte le sentiment vécu par tous.

«On ramassait toujours en petite quantité à chaque jour. Cela devenait éprouvant pour plusieurs d’entre nous. On se disait : on a juste ça.»

À l’heure actuelle, sa récolte représente la moitié d’une année normale.

Un sirop plus foncé

Si se fie à notre mini-enquête non exhaustive, personne n’a été capable de fabriquer un sirop extra-clair soit de la catégorie AA en raison de Dame nature. La couleur de l’élixir printanier est plus foncée que les autres années.

«Le sirop est excellent au goût. Il sent la cabane. On a attendu longtemps après l’eau. J’ai l’impression que la lumière et les rayons du soleil sont venus altérer les molécules de sucre», explique François Brouillard.

M. Beauchemin estime qu’il y a même une différence de 10 points quant à la luminosité. Chose certaine, plus on fabrique le sirop au début mars, plus la couleur est pâle. Plus on avance dans la saison, la couleur adopte une teinte plus accentuée.

Le secret d’un bon sirop

Le maire de Saint-David, Michel Blanchard est représentant d’équipements pour les érablières. Il vend par exemple des tubulures, des évaporateurs aux quatre coins du Québec.

Il est aussi propriétaire d’une érablière sur le rang Caroline à Saint-Aimé dont les appareils fonctionnent par contrôle électronique.

«On ne se fera pas de cachette. Ces équipements ne font pas du meilleur sirop. C’est le type de sol qui fait la différence», observe-t-il.

«Si vous avez une terre qui possède 70 % d’érables rouges, ça prendra plus d’eau d’érable pour faire un gallon et au goût, il sera plus doux. »

Cette année, M. Blanchard a récolté 30 % de moins que la quantité habituelle de sirop. «Nos coûts de production sont les mêmes soit l’électricité, l’entaillage, la tubulure», note-t-il.

Du sirop d’érable s.v.p!

De passage dans un restaurant de Drummondville, Michel Blanchard a été étonné d’apercevoir sur la table un sirop de marque américaine habituellement vendu en épicerie.

Il a demandé à la serveuse s’il y avait du vrai sirop d’érable. «Elle m’a répondu oui et que cela coûte 50 cents de plus.»

«On se bat pour vendre nos produits d’érable aux Asiatiques. Il faudrait peut-être commencer par vendre nos produits ici.»

Le message est passé.

Le bonheur à la cabane

Même si la saison vient de se terminer, M. Blanchard a déjà hâte à l’an prochain. «Le sirop d’érable c’est une passion. Je me souviens quand j’étais petit, je marchais dans le champ pour cueillir de l’eau de sève que je faisais bouillir à la maison au grand désespoir de ma mère.»

De son côté, François Brouillard aime se retrouver à son érablière. Il a l’impression d’être sur une autre planète. «En famille, on entaille les érables et on récolte avec les chaudières. Nous n’avons pas d’électricité ni eau courante.»

Il y a 10 ans à peine, un cheval transportait les bidons d’eau d’érable à la cabane. En 1984, il a été remplacé par un véhicule tout terrain.

«Mon père, ajoute-t-il, a toujours dit que la cabane à sucre, c’est pour s’amuser et se retrouver en famille.» Une tradition qui est là là pour durer.

Saviez -vous que ? Une moyenne d’environ 32 litres de sève d’érable est nécessaire pour fabriquer 1 litre de sirop d’érable.
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