Du pigeon ?… au menu !

Par Annie Bourque

Un soir d’automne, vous avez envie de recevoir des amis ou la famille à souper. Vous cherchez un plat qui saura les surprendre. Faites leur déguster du pigeon qui est une viande qui ressemble à un steak, mais en doux, plus tendre et plus goûteux.

En juillet et en août, le restaurant Le Fougasse a présenté du pigeon à ses clients. Le chef François Bélanger a apprêté les cuisses dans du gras de canard et il a accompagné le plat avec une sauce à la bière. «Les gens ont beaucoup apprécié », a précisé M. Bélanger.

Le propriétaire de la boucherie Sorel, Louis-Jean Labrecque vend le pigeon sur la rue Prince. «Dans des recettes, on demande parfois des cailles ou de la perdrix. Certains de nos clients les ont remplacés par les pigeons. »

Plus tard, cet automne, il croît qu’on pourra aisément remplacer les viandes sauvages dans les tourtières par du pigeon. M. Labrecque dit que les consommateurs veulent en connaître davantage sur les vertus du pigeon. Il recommande même aux producteurs de produire un dépliant précisant l’origine et les vertus de cette viande.

Le commissaire agricole de la Société d’agriculture de Richelieu, Alain Beaudin a goûté à la viande de pigeon. «C'est excellent avec une tendreté de viande rarement égalée. Bref, la viande est goûteuse et d'une finesse rare. Mes deux filles ont adoré. »

Les valeurs nutritives sont reconnues. La chair du pigeonneau est énergétique, peu calorique, très maigre et très parfumée. Elle est aussi pauvre en cholestérol.

La chair du pigeonneau est très riche en fer, un élément qui aide à lutter contre l’anémie. «Elle contient aussi de la tyrosine, un acide aminé nécessaire à la synthèse de la dopamine et de la noradrénaline. Ces substances aident à la concentration et la vigilance», raconte Mélanie Blain, productrice de L’Envolée sauvagine.

Qui sont les producteurs ?

Jusqu’à l’an dernier, Mélanie Blain et Yan Thibodeau étaient des éducateurs spécialisés qui résidaient à Saint-Denis-sur-Richelieu. Mélanie a succombé au charme de Yan qui élevait des pigeons chez lui.

Vers l’âge de 12 ans, sa mère a offert trois pigeons en cadeau à Yan. Une façon pour lui de s’amuser et de créer un lien avec des animaux. Yan a toujours aimé les pigeons qu’il a appris à observer. «Il faut prendre le temps de remarquer qu’un tel est un bon reproducteur. Qu’un autre aura un comportement plus violent alors que certains ont un instinct maternel ou paternel très développé. »

Yan est fasciné par leur comportement qui ressemble étrangement aux humains. «C’est une micro société qui vit des émotions semblables aux nôtres. Un jour, j’ai vu un mâle
tuer des bébés. J’ai dû le sortir et le supprimer même s’il était un bon reproducteur.»

De son côté, Mélanie s’occupe de la vente et de la mise en marché du produit. Au Québec on compte deux autres éleveurs de pigeons qui sont situés dans la région de Bellechasse et Marieville. Ils se partagent le marché des restaurateurs entre Montréal et Québec.

«De notre côté, nous voulons percer le marché des restaurateurs de Sorel, de la région de Drummondville et de l’Estrie. Ce n’est pas si loin de chez nous», précise Mélanie.

En 2013, le couple a acheté une maison ancestrale à Saint-Aimé. En arrivant dans la cour, le visiteur est subjugué par l’envolée de dizaines de pigeons blancs et gris qui se posent en toute liberté sur leurs voilières.

Le couple a de nombreux projets dont la finition de la rénovation de la voilières. «On a reçu un très bel accueil dans la région. On sent un bel engouement et une ouverture pour nos produits », conclut Mélanie Blain qui est sur le point d’accoucher d’un deuxième enfant.