lundi 25 mai 2015
Paul Gagné de la
Ferme des Pins verts
Un
citadin devenu éleveur de veaux
de grain
Par Annie Bourque
Une vue
de la pouponnière de la Ferme
des Pins qui peut accueillir 360
veaux pour une période de 45
jours. Crédit photo :
Annie Bourque
Fin des années
80, un citadin pur laine, Paul
Gagné est séduit par les grands
espaces et la quiétude de la
campagne. Il décide d’acquérir
une terre de 110 arpents à
Sainte-Victoire de Sorel dans le
but de faire de l’équitation et
de devenir un gentleman Farmer.
«Je
n’ai aucune racine agricole,
confie-t-il. Je suis né à
Saint-Lin dans les Laurentides
et j’ai vécu à Montréal.»
Cet ancien informaticien est
retourné les bancs d’école à
l’âge de 34 ans pour suivre une
formation sur la production de
bovine boucherie.
«Par
plaisir, j’ai commencé à élever
des veaux»,
raconte-t-il au cours d’une
entrevue au Monde Agricole.
Au fil des ans, il investit dans
la construction de nouveaux
bâtiments qui abritent entre
autres une pouponnière de veaux
de grain. À l’intérieur, il
montre une suce et un biberon
qui seront utilisés par ses
animaux qui arrivent chez lui
alors qu’ils sont âgés de
quelques jours à peine.
Dans la
pouponnière, Paul Gagné prend
soin des veaux de grain en
s’assurant de leur croissance.
Crédit photo : Annie Bourque
Un contrôle rigoureux
Dès leur arrivée, Paul Gagné
vérifie leur poids tout en leur
offrant les meilleurs soins. «On
contrôle tout. Au début, on
donne une alimentation composée
uniquement de lait et peu à peu,
on incorpore de la nourriture
avec des grains.»
L’animal mangera deux kilos de
grains par jour et plus tard, ce
nombre augmentera à huit kilos.
Au fil des jours, Paul Gagné
apprend à connaître le caractère
de ses bêtes. Certains
s’approchent tandis que d’autres
sont plus indépendants.
«Je les
connais par cœur. Je sais
lesquels vont prendre une suce
et ceux qui vont préférer boire
directement à la chaudière.»
Le plus important, c’est
d’éviter tout risque d’infection
qui risque de se propager à la
vitesse de l’éclair. À tous les
jours, Paul vérifie la
croissance de ses veaux de
grain.
À l’occasion, sa fille Mariane,
âgée de 16 ans, lui donne un
précieux coup de main.
«Il faut avoir un bon sens de
l’observation. Si l’animal a les
oreilles en forme de mouton,
cela signifie qu’il a peut-être
une otite ou de la fièvre. Un
matin, un veau qui refuse du
lait, ce n’est pas un
comportement normal. »
Certains veaux ont un retard de
croissance et d’autres ont des
problèmes bénins à une patte par
exemple. Ces bêtes sont
transportées dans une autre
bâtisse surnommée l’hôpital.
À la
Ferme des Pins Verts, on
retrouve des vaches Suisse brune
qui pèsent environ 700 livres.
Poids idéal
Au bout de 70 jours, les veaux
qui auront atteint le poids
idéal (soit 220 livres) s’en
vont dans une autre étable.
C’est l’étape de finition. Là,
on les nourrit avec de la paille
hachée, des grains et
suppléments. Leur poids pourra
atteindre jusqu’à 650 livres.
Paul Gagné calcule qu’il donne
environ 2000 kilos de grains par
jour sur chacun des deux sites.
Il élève aussi des vaches sous
un toit à ventilation naturel,
d’ailleurs il a mandaté sa fille
Mariane pour s’occupé de ce
projet d’élevage.
Quel bilan trace-t-il de ses 15
ans dans le monde de
l’agriculture ?
«Je me
vois vieillir et je me demande
si je vais être capable de
pratiquer ce métier encore
longtemps. Il faut être en très
grande forme.»
Un métier diversifié
Le marché du veau est
actuellement très bon. Un
contrat annuel le lie avec
l’entreprise Délimax,
spécialisée dans la
transformation et la
distribution. Un contrat fixe
qui le met à l’abri en cas de
chutes de prix.
Il me montre le plancher en bois
latté qu’il vient lui-même de
construire dans l’étable. Le
métier de producteur agricole
c’est aussi d’être multi-tâches.
«Il
faut connaître des notions en
construction, en
médecine-vétérinaire et même en
mécanique.»
Paul Gagné songe à ralentir le
rythme. Il souhaite trouver
quelqu’un –peut-être sa fille-
qui pourrait le remplacer à la
ferme une fin de semaine sur
deux. Un répit dont rêve de
nombreux agriculteurs comme lui
qui travaillent de longues
heures.
Un moment marquant en 15
ans
En 2005, Paul Gagné a perdu 135 veaux en raison d’un
bris dans le système de ventilation de l’une de ses
étables. Les veaux sont morts par suffocation.
L’agriculteur a dû se battre avant d’obtenir une
réclamation de ses assurances. «Cela a pris cinq ans
avant que ça se règle», confie-t-il.
À l’époque, Paul Gagné a constaté la solidarité des
autres agriculteurs qui sont venus l’aider à faire le
train matin et soir. Une aide précieuse qui lui a permis
de surmonter cette terrible épreuve. |
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