samedi 22 avril 2017
Trump s’attaque à l’industrie laitière du
pays
Réactions aux menaces de Donald Trump
Photo courtoisie : Radio-Canada
Cette semaine, la presse a
rapporté les menaces du
président des États-Unis Donald
Trump qui s’en est pris
directement aux producteurs
laitiers du Canada et à son
industrie.
S’adressant mardi à des fermiers
du Wisconsin, le président a
promis de revoir les accords
commerciaux avec le Canada qu’il
a qualifiés « d’injustes ».
Alain Chalifoux
siège aussi au Conseil des industriel laitiers du
Québec qui compte 85 entreprises.
Photo :
Jean Doyon |
Quel est donc l’impact de ces
menaces ? Le Monde
agricole a rejoint en Floride
Alain Chalifoux,
président de la Laiterie
Chalifoux qui occupe aussi le
poste de vice-président du
Conseil des industriels laitiers
du Québec (CILQ).*
« Pour
le moment, rien ne va changer.
Les producteurs laitiers du
Wisconsin ont réagi au fait que
les producteurs canadiens
achètent moins d’ingrédients
laitiers en provenance des
États-Unis »,
explique-t-il.
En juillet 2016, une entente
d’une durée de sept ans est
intervenue entre les producteurs
et les transformateurs de lait
du Canada. Cet accord signifie
la création d’une nouvelle
classe d’ingrédients qui
s’appelle la classe 7.
«
Autrement dit, les producteurs
laitiers du Canada ont
délibérément baissé leur prix de
lait afin que les
transformateurs laitiers d’ici
fabriquent leurs propres
ingrédients laitiers avec du
lait canadien. Cela ne
vaut plus la peine de l’importer
car nous l’avons au même prix
moins le transport »,
ajoute Alain Chalifoux.
Plan B
Faisant référence à l’article
d’Alain Dubuc publié dans la
Presse +, jeudi matin, Alain
Chalifoux estime qu’il faut se
mettre en mode solution.
« Les
producteurs et les
transformateurs de lait, nous
sommes un peu dans le même
bateau. Il faut trouver un plan
B dans un marché de
libre-échange, ouvert sur le
monde entier. »
Reprise de négociations ?
De son côté, le commissaire
agricole de la Société
d’agriculture de Richelieu,
Alain Beaudin estime qu’il
existe une possibilité que le
traité de libre-échange, l’ALENA
soit l’objet de nouvelles
négociations.
« Je ne
le souhaite pas »,
ajoute-t-il. Même son de
cloche du côté d'Alain Chalifoux
qui estime qu'il faut également
en rester là.
Fidèle à lui-même et utilisant
son langage coloré, Alain
Beaudin ajoute :
« Notre
plus grande partenaire
commercial est les États-Unis,
un pays capable de faire vibrer
la planète. Tu fais quoi quand
ton grand frère dit : c’est moi
qui mène la barque. Est-ce que
tu débarques du bateau ? »
Politiciens
Le producteur
laitier sans OGM de Sorel, Yves Champagne s’inquiète
toutefois de la suite concernant les négociations de
l’ALENA.
Photo :
Philippe Manning |
L’automne dernier, le producteur
de lait sans OGM Yves Champagne
de la Ferme Soreloise a remporté
un trophée au Gala Excellence
Agricole dans la catégorie
Innovation. Il ne s’inquiète pas
trop des menaces du président
Trump.
« Nous sommes une goutte d’eau
par rapport aux États-Unis »,
illustre-t-il.
« On a
fait des pressions auprès d’Agropur
qui n’utilise plus (depuis le
mois de juin) de lait diaflitré
en provenance des États-Unis. »
D’autres géants de la
transformation laitière ont
cessé d’utiliser les ingrédients
et les concentrés de protéine en
provenance des États-Unis.
« Le
lait diafiltré est modifié et
est davantage concentré en
protéines. Ce qui fait qu’un
fabricant de fromage va produire
15 livres au lieu de 10 livres »,
précise M. Champagne.
Gestion de l’offre
En entrevue, M. Champagne s’est
dit confiant que le gouvernement
libéral de Justin Trudeau va
protéger le système de gestion
de l’offre.
« Ce système, dit-il,
existe depuis 40 ans et il fait l’envie de tous les
producteurs mondiaux. On produit ce qu’on a besoin
et on ne se débarrasse pas de nos surplus. » |
Le producteur laitier sans OGM
de Sorel-Tracy émet des doutes
toutefois sur l’issue politique.
«
Justin Trudeau a nommé Brian
Mulroney comme négociateur de
l’ALENA. »
Brian Mulnorey sera à la table
des négociations avec nul autre
que Jean Charest, l’ancien
premier ministre du Québec,
a-t-on appris.
Brian Mulroney tout comme le
candidat conservateur Maxime
Bernier sont favorables à
l’abolition du système de
gestion de l’offre. M. Bernier a
écrit une lettre ouverte à
Donald Trump.
« Je
préférerais être là pour
négocier directement avec vous,
dit-il, mais vous pourriez en
parler à un ami commun, Brian
Mulroney. Justin Trudeau a fait
une rare bonne chose en lui
demandant de l'aider lors de ces
négociations. Il connaît très
bien ces questions commerciales.
Et il est d'accord avec nous
qu'il est temps d'abolir la
gestion de l'offre »,
écrit Maxime Bernier dont la
lettre a été publiée dans La
Presse.
http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201704/19/01-5089800-gestion-de-loffre-maxime-bernier-donne-raison-a-trump.php
*Le Conseil des industriels
laitiers du Québec (CILQ)
représente entre autres 85
entreprises laitières privés du
Québec dont des laiteries,
fabricants de fromages et de
yogourt. Son mandat est de
négocier la Convention de mise
en marché du lait et les
modalités d’approvisionnement en
lait des usines.
Pour en savoir plus :
http://plus.lapresse.ca/screens/36989c6f-ef70-4022-824b-5d08b893485a%7C_0.html
Les producteurs laitiers de
notre région comme Pierre
Olivier Plasse suivent de près
le dossier. |