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vendredi 21 avril 2017

Ce qu'il faut savoir en détails sur le dossier du lait

Ce que le profane doit savoir

Définition du lait diafiltré. Il est doté d’un taux de protéine plus élevé. « C’est comme si les Américains transportaient chez nous trois camions de lait au lieu d’un seul », illustre Alain Beaudin.

«Le lait diafiltré est un produit américain spécifiquement destiné au marché canadien pour contourner des règles et ce qu’il conteste en ce moment, c’est notre droit d’offrir à nos clients un prix concurrentiel. C’est une réaction un peu absurde », s’est exclamé le directeur adjoint aux relations publiques de l’Association des producteurs laitiers, François Dumontier.

À l’heure actuelle, les Américains importent moins de 2 pour cent de leur consommation de produits laitiers, contre 8 pour cent pour le Canada.


Ce qu’ils ont dit : « Une sortie paradoxale ! » - Marcel Groleau

Présent à Rimouski, le président de la Confédération de l’UPA du Québec, Marcel Groleau, qualifie la sortie du président américain, Donald Trump, de paradoxale.
 
« Sa déclaration est en contradiction avec la situation. Nous n’exportons pas de produits laitiers aux États-Unis. Les surplus de production au Wisconsin ne sont pas attribuables au Canada, mais bien plus à la surestimation qui a été faite du marché chinois. Par ailleurs, il ne peut pas accuser le gouvernement canadien dans le dossier du lait diafiltré, car ce dernier n’est pas intervenu du tout dans ce dossier. »

« Ce sont plutôt les producteurs laitiers du Canada qui se sont entendus avec les transformateurs afin qu’ils cessent d’utiliser ce produit. On ne peut pas blâmer la gestion de l’offre pour ce problème, car ce produit n’y est même pas assujetti. En fait, le président Trump nous reproche de faire ce qu’il prône lui-même, soit de mettre en place des mesures protectionnistes. Il cherche un bouc émissaire pour ses problèmes. Il y a une surproduction mondiale de lait, ce qui créée un bouchon et les transformateurs ne veulent plus acheter de lait. On n'inonde pas le marché américain. En agriculture, le libre-échange ne doit pas exister. Je me rends au Wisconsin la semaine prochaine pour leur parler de la situation. C’est sûr que ça crée de l’incertitude», explique-t-il en entrevue avec le Journal L’Avantage.

Défendre la gestion de l’offre

Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, Laurent Lessard a dit : « Les États-Unis constituent un important partenaire pour le commerce des produits bioalimentaires du Québec. La position du gouvernement du Québec a toujours été claire : assurer, dans les accords de commerce, le maintien du système de gestion de l'offre. À cet égard, il faut rappeler que les contingents tarifaires en vigueur au Canada sont conformes à nos engagements internationaux. Ils ont été convenus en vertu de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis de même que de l'Accord sur l'agriculture de l'Organisation mondiale du commerce. Il s'agit là d'un sujet important pour nous et nous n'avons pas attendu avant de nous mettre au travail.  Nous avons déjà interpellé nos homologues fédéraux à ce sujet et nous continuerons à travailler afin de défendre le modèle de la gestion de l'offre. »

Dominique Anglade, ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique a dit vouloir soutenir les agriculteurs. « En février dernier, en vue d'une possible renégociation de l'ALENA, nous avons nommé Me Raymond Bachand à titre de conseiller spécial, afin qu'il fasse valoir les intérêts particuliers du Québec. Le maintien du système de la gestion de l'offre fait partie de ces enjeux. Nous avons été très clairs à ce propos : nous allons être aux côtés de nos agriculteurs pour défendre ce modèle qui favorise le développement économique des régions du Québec. »

Un blogue qui fait réfléchir

Le Monde agricole reprend quelques paragraphes du blogue d’Isabelle Bouchard qui a été publié sur le site de la Fédération des producteurs laitiers du Canada.

« La vérité est que les marchés laitiers des États-Unis et du monde entier sont actuellement sursaturés, ce qui a mené à de faibles prix à la production et un prix inférieur reçu par les transformateurs. Bref, aux États-Unis et partout dans le monde, trop de lait est produit. Aux États-Unis, la situation de la production excessive de lait est exacerbée dans un environnement où la capacité de transformation manque. Lorsque la production de lait est trop élevée, les prix s’écrasent et il n’y a pas d’incitation à investir dans des capacités de transformation accrues. Ce qui entraîne des pertes d'emplois, une perte de revenus pour les producteurs et, dans certains cas, des fermetures de fermes. »

https://www.producteurslaitiers.ca/le-blogue-laitier/politique-agricole/blamer-le-canada

Faits saillants

En 2016, la valeur totale des exportations internationales des produits bioalimentaires du Québec s'élevait à plus de 8,2 milliards de dollars. Une part de 70 % de ces exportations était destinée au marché des États-Unis, pour une valeur de près de 5,84 milliards de dollars.

Le Québec importe pour 1,5 milliard de dollars de produits bioalimentaires des États-Unis.

En chiffres

-Le Canada compte environ 12 000 fermes laitières, avec 950 000 vaches.

-Près de 80 pour cent du lait canadien est produit au Québec et en Ontario.

-Les États-Unis comptent plus de 49 000 fermes laitières, avec 9,3 millions de vaches.

-Les fermes sous la gestion de l’offre représentent environ 13% de toutes les fermes canadiennes. Cela concerne les secteurs agricoles suivants la production laitière ; les Œufs de consommation et à couver et Poulets de chair et dindes.

Elle repose sur trois piliers essentiels : le contrôle sur les importations de produits et de plusieurs sous-produits ; une politique des prix administrée selon les coûts de production ; la gestion de la production.

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