Rotation + mesure l’impact à long terme des rotations
L'outil Rotation + permet de voir à long terme, soit jusqu’à 14 ans
Un texte de Céline Normandin
(lebulletin des agriculteurs.om)
Faire une rotation de cultures sur trois ans, c’est bien, mais qu’est-ce qu’on y gagne si on intègre des cultures de couverture ou des prairies sur une dizaine d’années? Et quels seront les coûts et bénéfices des différentes approches, comme le semis direct, ou encore la location contre un achat de terre dans l’addition?
C’est à ce genre de questions que l’outil Rotation + cherche à répondre en permettant de voir à long terme, soit jusqu’à 14 ans, les changements qu’apportent les cycles de rotation dans un système cultural donné par le biais de simulations personnalisées de scénarios. On y trouve différents postes de produits et de charges par plan de rotation.
Développé il y a plusieurs années par la Coordination services-conseils, Rotation + est maintenant disponible gratuitement via le site du CRAAQ. Les références économiques utilisées pour une trentaine de calculateurs ont été mises à jour l’été et l’automne 2024. L’accès a de plus été davantage sécurisé, en respect avec la loi 25 sur les informations personnelles.
Le CRAAQ offre depuis le début de janvier des webinaires afin de mieux faire connaitre les objectifs et le fonctionnement de l’outil qui est disponible aux producteurs ainsi qu’aux conseillers agricoles.
Les mots-clés de Rotation + sont souplesse et adaptabilité. Les concepteurs ont voulu que l’outil s’adapte aux besoins particuliers de chaque producteur. Il est possible d’élaborer des scénarios de base, en utilisant les données fournies par l’outil, ou d’entrer ses données personnelles. Par exemple, le prix des grains dans les calculateurs est basé sur une moyenne de cinq ans, mais il est possible d’utiliser les prix obtenus à la ferme ou les prix du jour du marché.
Comme l’expliquait l’agronome Marie-France Reid, lors du webinaire du 22 janvier, la philosophie derrière Rotation + est de favoriser l’analyse globale pour une rotation qui peut aller jusqu’à 14 ans, au lieu d’une année à la fois, en faisant varier les postes de produits et de charges tels que les rendements, les prix, les fertilisants, les opérations culturales, la phytoprotection, etc., le tout dans le cadre d’un plan de rotation de culture.
Il est possible de faire des simulations budgétaires, selon les projets, et résumés par des rapports. Un conseiller pourrait, par exemple, élaborer un scénario de base, selon les pratiques actuelles du producteur, et proposer différents scénarios qui présentent les impacts de chacun pour la ferme. Le producteur peut lui-même monter ses scénarios et plusieurs tutoriels sont disponibles pour expliquer les marches à suivre. « Rotation + calcule les coûts de production : c’est un outil économique, il aide à chiffrer les pratiques agronomiques en lien avec le Programme d’agriculture durable (PAD). Ce n’est pas, par contre, un outil de gestion économique ou un outil de fertilisation », a ajouté l’agronome.
Également présent à la présentation Yvan Faucher, agronome au MAPAQ, a indiqué que Rotation + voulait montrer concrètement les impacts positifs des rotations, prouvés par de nombreuses recherches, dont une étude menée en Ontario. Dans cette dernière, il a été démontré que l’ajout d’une culture de céréale d’automne dans la rotation avait augmenté de 5 à 12% les rendements dans le maïs et de 10 à 14% ceux du soya. « On obtient plus le rendement, une plus grande résilience des sols, des sols plus en santé et une plus grande efficacité de l’azote dans le sol », a résumé Yvan Faucher.
L’aspect santé des sols est d’ailleurs intégré dans l’outil qui peut aider sur différents éléments, tels que la fertilité des sols, la structure de sol, les maladies, les insectes et la gestion des mauvaises herbes. Il est possible d’ailleurs de faire des scénarios en ajoutant des cultures de couverture et le coût des semences, le choix de fertilisant, le prix des différents produits et le type de fertilisation, qu’elle soit organique ou à partir d’engrais de synthèse.
Les scénarios ont été élaborés à partir de trois types de sols, soit loameux, argileux et sableux. Quant à l’aspect technique, Rotation + a été conçu pour être supporté par les plateformes Firefox ou Chrome. Un soutien de 2e ligne, qu’il soit en rapport avec l’agronomie ou l’économie et la gestion, est également disponible. Il n’y de plus aucune limite au nombre de dossier admissible pour un conseiller.
Une dernière formation est offerte gratuitement via webinaire par le CRAAQ le 30 janvier.