Grand froid : la prime de non-délestage pourrait passer à 1 $/kWh

Un texte de Myriam Laplante El Haïli

Journaliste

Tel que publié sur La terre de chez nous - www.laterre.ca

Photo : Shutterstock

La vague de froid, qui s’est abattue sur le Québec entre le 20 et le 23 janvier, a contraint des producteurs en serre qui bénéficient d’un tarif électrique avantageux à se délester périodiquement du réseau électrique à la demande d’Hydro- Québec. En raison du refus de certains de se conformer à cette exigence par le passé, la société d’État a soumis une demande de modification à la Régie de l’énergie afin d’augmenter la prime en cas de non-délestage, la faisant passer de 58,17 ¢/kWh à 1 $/kWh. 

Lorsque les lumières de photosynthèse sont éteintes dans ses serres en période de grand froid, Sylvain Terrault peut enregistrer une perte de rendement allant jusqu’à 15 %. Photo : Gracieuseté de Culture Gen V

Bien que la démarche devant la Régie n’en soit qu’à ses balbutiements, l’effet dissuasif de cette mesure a été instantané pour le président de Culture Gen V, Sylvain Terrault. Celui qui produit 11 500 tonnes de légumes par année dans quatre complexes de serres à travers la province s’est délesté du réseau à deux reprises la semaine du 20 janvier. Il admet toutefois que cela n’a pas toujours été le cas.

Par les années passées, souvent, on prenait la décision de rester sur le réseau et de payer le 58,17 ¢ de tarification si on ne délestait pas. Pour nous, c’était un choix économique qu’on faisait. On arrivait à la conclusion que le fait de ne pas avoir de dommages sur notre capacité de production pouvait, à la fin du cycle, nous donner de meilleurs rendements, donc une meilleure production qui venait compenser la pénalité, dit-il. Mais à 1 $, je n’ai pas le choix; je débranche.

Sylvain Terrault, président de Culture Gen V.

Dans la demande déposée à la Régie, le 15 novembre dernier, Hydro-Québec mentionne que sept clients bénéficiant de l’option d’électricité additionnelle pour l’éclairage de photosynthèse ou le chauffage d’espaces destinés à la culture des végétaux étaient responsables, en 2023, de 74 % de la consommation non autorisée. « Pour ces clients, une augmentation de la prime [à 1 $/kWh] représenterait en moyenne une facture additionnelle de 13 940 $/année », lit-on dans le document. 

Lorsque les lumières de photosynthèse sont éteintes dans des serres en période de grand froid, Sylvain Terrault peut enregistrer une perte de rendement allant jusqu’à 15 %. Bien que cela vaille mieux, selon lui, que de perdre totalement l’accès au tarif avantageux de 6 ¢/kWh dont son industrie bénéficie, il espère que d’autres options seront étudiées. Par exemple, de demander aux entreprises serricoles de se délester une seule fois en 24 heures, idéalement de nuit, afin que les plantes puissent bénéficier d’un cycle complet de 16 h de luminosité. M. Terrault fait également valoir que si les heures de délestage étaient connues d’avance, les producteurs pourraient adapter ou changer leurs cycles de luminosité. 

Le président des Producteurs en serre du Québec, André Mousseau, ira d’ailleurs faire entendre ces arguments devant la Régie en février.  

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