Exécution de nos projets d’innovations


Par 
Paul Caplette

Source: Le Bulletin des agriculteurs

Cette année, on veut aller plus loin au niveau de nos objectifs de réduction de pesticides. La neige disparaît rapidement. Nos projets d'essais vont bientôt passer de la planification papier à l'exécution aux champs.

Dix jours après m’être gelé le bout du nez sur une pente de ski, je me retrouve en t-shirt assis sur un cap de roche au beau soleil de mi-mars. La neige disparaît à vue d’œil et j’oserais ajouter qu’il n’en reste pratiquement plus deux jours plus tard.

Pendant que je reviens vers la ferme, je regarde les champs plutôt que la route. La neige est pratiquement toute disparue et l’eau cherche son chemin vers les cours d’eau qui ne semblent pas tout-à-fait prêts à faire leur travail. Une fois la rivière Yamaska traversée, je remarque un plus grand pourcentage de sol couvert de neige pour finalement arriver à Saint-Robert et réaliser qu’ici c’est encore tout blanc. Huit degrés Celsius d’écart entre les deux destinations, ça nous donne un paysage différent.

Chaque année, on planifie des essais d’innovation au champ et voilà que le temps presse pour mettre sur papier le plan d’exécution afin de structurer et faciliter les interventions. C’est probablement la partie la plus importante, si on veut bien réussir à capter nos données qui vont finalement tenter de donner une réponse à nos interrogations.

On peut avoir une idée de ce qui se fait ailleurs, avoir vu une présentation qui parle du sujet sur lequel on s’interroge, mais l’étape de passer à l’action sur notre propre ferme est une étape de plus à franchir.  Afin de voir ce que ça donne sur nos propres sols qui ont généralement des propriétés de base différentes, en fonction de notre système de culture en plus d’un environnement météo différent.

Cette année, on veut aller plus loin au niveau de nos objectifs de réduction de pesticides, évaluer l’efficacité des inhibiteurs d’azote, expérimenter la culture à relais et valider nos fertilisations azotées dans notre culture de blé d’hiver. Sans oublier notre 11e année d’évaluation de nos parcelles de rendements relatifs du maïs-grain.

On est aussi curieux de voir comment on va réussir à semer du maïs-grain en semis direct dans un couvert végétal de 8 tm/ha de trèfle qu’on a laissé vivant en surface. Ça demande de la planification, de l’observation, un peu d’humilité et la volonté de comprendre et valoriser ce qu’on est en train de construire avec nos propres sols.

On n’a pas le choix d’innover afin de trouver nos propres solutions puisqu’on travaille avec un système différent qui ne correspond pas aux fameuses « recettes standards » qu’on a tendance à nous proposer, comme si notre réussite se limitait à bien suivre une recette alors qu’il faut surtout comprendre comment arriver à quelque chose qui goûte bon. Les grands cuisiniers maîtrisent ça!

Alors je me dis qu’on a les compétences pour arriver à cuisiner nos champs en y ajoutant un peu de tout. Et un peu de notre personnalité en prenant soin d’épicer le tout.

Profession agriculteur.


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